Depuis fin août 2017, des milliers d’enfants et de familles rohingyas fuient quotidiennement les persécutions dans l’État birman d’Arakan (appelé aussi État de Rakhine). Plus de 500 000 personnes se sont réfugiées dans le pays voisin du Bangladesh, dont presque les deux tiers sont des enfants. L’UNICEF intensifie son aide d’urgence au vu de l’afflux massif et sans précédent de réfugiés rohingyas.
 

Des personnes réfugiées arrivent dans le district de Cox’s Bazar

Cox’s Bazar était auparavant reconnue pour sa pêche, ses attraits touristiques et sa plage, qui est la plus longue au monde.

Cette célèbre plage est aujourd’hui la scène d’une des plus importantes crises humanitaires au monde et la région a du mal à faire face à cet afflux de gens désespérés.

Des Rohingya marchent vers la plage Shamlapur

C’est dans un coin agréable et populaire du Bangladesh que sont arrivés quelque 519 000 Rohingyas depuis la fin du mois d’août. C’est donc une population supérieure à celle de la ville de Christchurch (en Nouvelle-Zelande) qui est arrivée ici en un peu moins d’un mois.

Ces réfugiés fuient la persécution qu’ils subissent dans leur pays voisin, le Myanmar, et se rendent ici en quête de sécurité. Ils arrivent par bateau, en charrette ou à pied. Ceux et celles qui ne peuvent pas marcher sont portés.

Ils sont arrivés par centaine de milliers et d’autres personnes arrivent quotidiennement.

Rahmatullah, âgé de 45 ans, porte sa mère Sura Khatun

Depuis le Bangladesh, on peut apercevoir la fumée émanant des villages abandonnés par les Rohingyas. Le conflit fait rage et des maisons et des villages entiers sont incendiés, forçant les habitants à fuir pour sauver leur vie.

Ils quittent leur maison avec les quelques biens qu’ils sont capables de transporter, abandonnant le reste aux flammes, pour prendre le chemin du Bangladesh et être en sécurité.

La fumée au Myanmar peut être aperçue depuis le Bangladesh dans le district de Cox’s Bazar

Jean Lieby, chef de la protection des enfants pour l’UNICEF au Bangladesh, estime que l’ampleur et le rythme de l’afflux des personnes réfugiées sont sans précédent.

« Pour vous donner une idée, 220 000 personnes sont arrivées au Bangladesh en seulement six jours, entre le quatre et le 10 septembre. Et nous n’observons aucun signe de ralentissement. »

Une famille rohingya du Myanmar qui a traversé la frontière vers le Bangladesh

Selon des données préliminaires de l’UNICEF, 60 % de ces réfugiés sont des enfants. Environ 720 000 enfants rohingyas ont besoin d’un soutien urgent.

« La première chose que l’on observe ici dans les différents camps rohingyas est le grand nombre d’enfants. Nous voyons des enfants qui n’ont pas dormi depuis plusieurs jours et qui sont faibles et affamés. Après un long et difficile périple, beaucoup de ces enfants sont malades et ont immédiatement besoin de soins de santé. Il y a aussi des femmes enceintes et nous savons que plusieurs bébés sont nés depuis que leur mère est arrivée au Bangladesh », explique Jean-Jacques Simon, directeur des communications de l’UNICEF au Bangladesh.

Une mère et son enfant marchent dans des champs boueux

La plupart des enfants arrivent à Cox’s Bazar avec leur mère seulement. Leur père sont portés disparus, ont perdu la vie ou sont restés au Myanmar.

Plusieurs réfugiés arrivent épuisés après avoir marché 50 ou 60 kilomètres, parfois pendant six jours, et ont un besoin urgent de nourriture, d’eau et de protection.

Certains ne peuvent faire plus que s’asseoir dans la boue épaisse, berçant leur enfant dans leurs bras, tentant de se remettre de leur périple pour trouver une sécurité.

Une femme tenant un enfant se repose dans la boue

Une attention particulière est portée aux enfants qui arrivent au Bangladesh sans leur famille ni accompagnés d’un adulte. Plusieurs de ces enfants sont trouvés seuls, en larmes. Environ 1100 enfants non accompagnés ont été repérés et l’organisme travaille intensivement pour retrouver leur famille.

« Ces enfants sont en première ligne dans cette crise humanitaire, ils courent de très grands risques. Les camps prennent de l’expansion quotidiennement et nous devons fournir de l’eau potable et des conditions d’hygiène de base. Il y a énormément de personnes vulnérables dans les camps, vivant dans des espaces limités et dans des conditions sanitaires très rudimentaires. Les maladies d’origine hydrique sont extrêmement dangereuses pour les enfants vivant dans de telles conditions. Nous devons prévenir l’irruption de telles maladies », soutient Lieby.

Une famille reprend son souffle après avoir traversé la baie du Bengale par bateau

On estime que de 300 000 à 500 000 personnes réfugiées ont gagné le Bangladesh depuis de Myanmar au cours des dernières années. Plusieurs personnes réfugiées peuvent joindre des communautés déjà installées, mais l’importance de l’afflux récent entraîne l’irruption de camps improvisés partout où l’espace le permet.

Ce sont des camps de fortune, accrochés à des collines boueuses et n’offrant qu’une protection minimale contre les éléments. Selon la porte-parole de l’UNICEF, Marixie Mercado, les conditions sont alarmantes.

camps improvisés au Bangladesh

« Les enfants sont de toute évidence traumatisés. Les abris pour les nouveaux arrivants sont faits de bambou et de bâches montés dans la boue. Plusieurs n’ont pas de vêtements de rechange et beaucoup d’entre eux sont malades. On y manque cruellement de tout : abris, nourriture, eau, médicaments et rations nutritives pour traiter les enfants souffrant de malnutrition. Nous avons également besoin de travailleurs humanitaires », affirme-t-elle.

Le personnel de l’UNICEF est déjà sur le terrain à Cox’s Bazar, fournissant aux enfants de l’eau potable, des abris, de l’aide médicale et de l’éducation, mais les ressources existantes sont utilisées au maximum.

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Des millions de dollars sont déjà nécessaires pour assurer le maintien de la sécurité des enfants et de leur famille.

Ce besoin de fonds augmente chaque jour, avec chaque nouvel arrivant au Bangladesh.

Pour soutenir le travail de l’UNICEF auprès des enfants rohingya, cliquez ici.


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