En 2023, l’élimination du tétanos maternel et néonatal a été déclarée au Mali. Ce constat a été validé au terme d’une évaluation approfondie démontrant que le Mali répondait à la norme de l’Organisation mondiale de la santé fixée à moins d’un cas de tétanos néonatal pour 1 000 naissances vivantes dans chacun des districts sanitaires du pays.

C’est dans le quartier Abaradjou de Tombouctou, relevant du district sanitaire de Sankoré, que la lueur d’un jour nouveau est née. Jadis florissante, cette région luttait contre le tétanos maternel et néonatal, une maladie insidieuse qui met en péril la vie des mères et des nourrissons.

Ce fléau, causé par une bactérie présente dans la terre et dans les excréments d’animaux, se produit lorsque le nombril du nouveau-né est contaminé par les soins du cordon ombilical pratiqués dans des conditions non hygiéniques. Les symptômes surviennent en général à partir du troisième jour suivant la naissance du nourrisson, qui passe d’un état normal à une rigidité soudaine, en proie à d’incontrôlables convulsions et spasmes musculaires qui peuvent sévir jusqu’à entraîner sa mort.

Aissata, a symbol of the fight against maternal and neonatal tetanus in Mali
UNICEF/UNI551270/Keïta

Dans ce quartier, comme ailleurs au Mali, ce sont souvent les sages-femmes qui veillaient traditionnellement à l’accouchement des femmes, se servant d’outils contaminés. Cette pratique, jumelée aux rituels ancestraux, favorisait malheureusement trop souvent la contamination et le tétanos.

C’était sans compter sur la détermination d’Aissata, 46 ans, une femme de la région qui a décidé de prendre sa destinée en main. Quand son nouveau-né a succombé à cette maladie, elle s’est promis de ne plus jamais laisser une telle situation se reproduire. Dotée d’une volonté inébranlable, Aissata raconte : « J’ai donné naissance chez moi, assistée par une grand-mère; quelques jours plus tard, le bébé ne prenait plus le sein et son état s’est détérioré. Je l’ai alors amené au centre de soins où ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient, mais mon bébé est décédé. Le docteur m’a expliqué qu’il avait été emporté par le tétanos et que, si j’avais été vaccinée pendant ma grossesse, il aurait pu être sauvé. Perdre un enfant est horrible et je ne le souhaite à personne », s’est exclamée Aissata avec émotion.

En pleine connaissance des risques, Aissata s’est mise en quête d’information et a appris d’un groupe de femmes de son village que le gouvernement du Mali avait mis en œuvre une initiative, appuyée par l’UNICEF et l’OMS, visant à éliminer le tétanos maternel et néonatal. Stimulée par la possibilité d’une fin autrement plus heureuse à son histoire, Aissata est passée à l’action pour protéger ses prochaines grossesses en voulant se faire vacciner contre le tétanos.

592A7077.JPG.jpeg
UNICEF/UNI551251/Keïta

Le lendemain même de sa résolution, comme en réponse à son vœu, une équipe de stratégie avancée est arrivée en motocyclette dans son village pour donner à toutes les femmes en âge de procréer, qu’elles soient enceintes ou pas, le vaccin contre le tétanos. Aissata fut parmi les premières à recevoir sa dose et a ensuite entrepris de se rendre par ses propres moyens jusqu’au centre de santé communautaire de Sankoré pour recevoir les doses de rappel du vaccin. Un chemin long et ardu, mais alimenté par l’espoir d’Aissata d’un avenir meilleur pour sa progéniture.

« Aujourd’hui, je raconte mon histoire aux femmes de mon village et je leur dis de se faire vacciner contre le tétanos et de se faire suivre pendant leur grossesse. Parfois, certaines m’avouent qu’elles ont aussi perdu des bébés à la suite d’un accouchement à domicile, affirme Aissata après une discussion éducative avec d’autres femmes du village.

En 2023, l’OMS déclarait que le Mali avait triomphé du tétanos maternel et néonatal, une avancée majeure pour la santé publique du pays où les taux de mortalité maternelle et infantile sont parmi les plus élevés dans le monde.

Ce jalon décisif pour le Mali témoigne des efforts collectifs du pays et de ses partenaires, dont l’UNICEF. Une stratégie exhaustive pour renforcer la vaccination systémique a joué un rôle déterminant dans cette démarche. Tous les centres de santé au Mali ont été équipés de réfrigérateurs solaires pour entreposer les vaccins de façon sécuritaire ainsi que de motocyclettes et de véhicules pour assurer les services de vaccination en région. L’administration des vaccins s’est déployée selon une approche bien structurée : par les établissements de santé pour les services fixes, par des équipes en motocyclette pour les régions situées de 5 à 15 km d’un dispensaire, et par des cliniques mobiles pour les collectivités plus éloignées.

592A7650.JPG.jpeg
UNICEF/UNI551273/Keïta

La détermination et la résilience d’Aissata incarnent la possibilité de changements grâce aux gestes proactifs posés en matière de santé et de sécurité. Dans cette région du Mali, la lutte d’Aissata contre le tétanos maternel et néonatal, mue par le courage et une volonté transformationnelle, est une source d’inspiration pour bon nombre de femmes. C’est l’aube d’un temps nouveau, celui d’une sensibilisation aux enjeux de santé et à la mobilisation au sein d’une communauté.