Rob Jenkins, représentant de l’UNICEF en Jordanie, était récemment de passage au Canada et il s’est adressé aux membres du personnel d’UNICEF Canada afin de dresser un bilan de la situation.

Sept ans de conflit en Syrie ont poussé des millions de Syriennes et de Syriens en exil. Plus de 660 000 d’entre eux se trouvent en Jordanie, dont 51 pour cent sont âgés de moins de 18 ans. N’ayant accès qu’à des emplois précaires, les personnes réfugiées en Jordanie continuent de nourrir l’espoir d’un retour prochain dans leur pays, mais la violence et l’instabilité dans la région laissent croire que la situation n’est pas prête de se résorber.

Les enfants sont les victimes innocentes de cette guerre. Des dizaines de milliers d’entre eux se trouvent privés d’éducation et vivent dans des situations de vulnérabilité extrême. Selon Rob Jenkins, Canadien et représentant de l’UNICEF en Jordanie qui était récemment de passage au Canada, « la pression exercée sur les réfugiées et réfugiés syriens après sept ans de crise augmente. Après toutes ces années, nous sommes encore en situation d’urgence, alors que nous devrions être passés à une autre étape. »

Pour lui, qui a travaillé à l’UNICEF dans de multiples pays et pendant divers conflits, la situation ne s’apparente en aucun cas à ce qu’il a vu par le passé. La grande majorité des Syriennes et Syriens réfugiés en Jordanie, soit près de 80 pour cent, se sont établis dans des zones urbaines et périurbaines, créant des pressions accrues sur les populations hôtes. Afin de favoriser la cohésion sociale au sein des communautés, il devient essentiel de renforcer la société civile et la résilience de la communauté.

© UNICEFUN043076Rich.jpg
[© UNICEF/UN043076/Rich ]

Un espace de partage et de rassemblement aux enfants

L’UNICEF a mis sur pied 233 centres Makani destinés aux enfants. Ces centres d’apprentissage permettent de briser l’isolement et les barrières sociales qui existent au cœur même des communautés, en offrant un accès à l’éducation et à des services essentiels, comme des programmes de formation aux compétences de vie, des programmes structurés, des services structurés d’aide psychosociale, ainsi que des services de protection de l’enfant et de gestion des cas de violence basée sur le sexe. Syriens, Jordaniens, garçons et filles s’y côtoient et interagissent. Des activités animées, telles que la diffusion de dessins animés suivis de périodes de discussion, permettent de sensibiliser les participants et participantes aux enjeux de cohésion sociale auxquels ils sont confrontés au quotidien, d’en discuter et de trouver des solutions. « On voit d’énormes changements chez les enfants qui fréquentent les centres Makani. Ils apprennent à être plus respectueux et à être ouverts à la diversité. Le simple fait de pouvoir leur offrir un espace où se rassembler et passer du temps entre jeunes leur est bénéfique », ajoute Rob Jenkins.

© UNICEFUN043096Rich.jpg
[© UNICEF/UN043096/Rich]

Des laboratoires d’innovation pour passer de la sensibilisation à l’action

Les laboratoires d’innovation sociale sont des ateliers qui permettent aux jeunes de résoudre des problèmes et de trouver des solutions novatrices, souvent à l’aide des technologies. L’UNICEF met alors en œuvre les moyens pour accomplir des actions concrètes, et ainsi apporter des changements durables et positifs dans la communauté. En offrant aux jeunes un sentiment d’appartenance à un groupe, ainsi que le sentiment qu’il y a de l’espoir et qu’un avenir meilleur est possible, ils s’engagent dans la communauté et sentent qu’ils peuvent changer les choses.

Des horaires de classe irréguliers permettent d’offrir une éducation à des milliers d’enfants

L’éducation étant un outil essentiel afin de construire une paix durable, l’UNICEF offre en Jordanie des cours sur la base d’une double journée, avec une cohorte d'enfants le matin, et une autre l’après-midi, permettant ainsi à davantage d’enfants de fréquenter l’école dans les régions urbaines. De la sorte, plus de 125 000 enfants peuvent reprendre leur éducation en participant à des cours offerts hors des horaires de classe réguliers. De plus, près de 2000 enfants réfugiés sont inscrits à des écoles d’été, ce qui leur permet de compléter leur cursus scolaire et de passer à la classe suivante en septembre.

© UNICEFUN043073Rich.jpg
[© UNICEF/UN043073/Rich]

À l’extérieur des frontières, une population est prise en otage

La situation des personnes réfugiées dans « le berm », à la frontière entre la Jordanie et la Syrie, est des plus alarmantes, et pourtant, on en parle très peu dans l’actualité internationale. Coincés entre les frontières, dans une sorte de zone interdite (« no man’s land »), près de 50 000 personnes réfugiées ne peuvent pas rentrer en Jordanie et ne peuvent pas non plus retourner en Syrie où la guerre et la violence les menacent. De ce nombre, près de 66 pour cent sont des femmes et des enfants, qui vivent dans des conditions précaires, sans un accès à de l’eau et à des soins de base. Afin de leur apporter une aide d’urgence, des membres de l’équipe de l’UNICEF ont effectué une mission de 80 jours afin de soutenir les opérations dans la région. Lorsque les enfants souffrant de malnutrition ou encore les femmes enceintes nécessitent des soins d’urgence, ils peuvent traverser en territoire jordanien, le temps d’être soigner ou de donner naissance, puis ils doivent aussitôt repartir dans cette zone interdite, en attente de recevoir l’asile.

Des fonds insuffisants pour répondre aux besoins

Au cours des dernières années, les Canadiens ont fourni un effort considérable et ont fait preuve d’une grande générosité, mais les fonds sont toujours insuffisants pour répondre aux besoins des enfants dans la région. La pauvreté et la vulnérabilité accrues des populations, particulièrement des jeunes filles, ont des conséquences sur leur avenir. En 2015, on estimait que 44 pour cent des jeunes filles syriennes âgées de 13 à 17 ans ont été contraintes de se marier, et les chiffres actuels seraient encore plus élevés. Nos efforts peuvent changer les choses.