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Sevaun Palvetzian, nouvelle présidente et chef de la direction d’UNICEF Canada.

Vous commencez à assumer votre rôle de présidente et chef de la direction d’UNICEF Canada. Qu’est-ce qui vous motive le plus? 

En grandissant, s’il y a une organisation qui a façonné ma façon de voir le monde plus que n’importe quelle autre c’est bien l’UNICEF.

L’UNICEF faisait partie de nos repas en famille. Mes parents nous expliquaient comment le travail humanitaire effectué sous les tentes aidait les enfants du monde entier à faire face aux circonstances les plus inimaginables. C’est à travers cette organisation que nous avons appris à connaître et à voir le monde. Ce fut pour moi le premier exemple d’un impact collectif.

L’UNICEF était également présente le soir de l’Halloween. Déguisés pour l’occasion, nous avions une boîte de dons orange suspendue à notre cou. L’UNICEF a joué un rôle dans nos salles de classe par les histoires qui nous ont été racontées et les renseignements qui nous ont été fournis; tout cela a contribué à notre compréhension de la géopolitique, de l’histoire et des droits de l’enfant. En tant que professionnel, je lis chaque année le Bilan Innocenti d’UNICEF Canada pour comprendre quel est l’état de bien-être des enfants et des jeunes dans mon pays.

C’est un privilège et un honneur de diriger cette organisation aujourd’hui. Alors que le tableau géopolitique se modifie, que des conflits éclatent dans de nouveaux coins du monde et que les changements climatiques créent des besoins sans précédent pour les enfants, je ne peux imaginer un rôle plus important à un moment plus important.

Après quelques semaines, quelles sont vos premières impressions et observations? 

J’ai passé mes premières semaines à rencontrer notre merveilleuse équipe, notre conseil d’administration et nos partenaires et à examiner en profondeur les enjeux et je suis allée voir nos travailleurs en action. La passion de ces personnes pour ce que nous faisons est palpable et contagieuse.

J’ai été très impressionnée par l’expertise technique de l’équipe de l’UNICEF. À tous les niveaux, nous avons les meilleurs au monde pour nous attaquer aux problèmes qui touchent les enfants. Qu’il s’agisse de mettre fin au mariage des enfants (dans le monde, une fille sur cinq est mariée pendant son enfance ou son adolescence) ou leur assurer un accès à de l’eau potable en dépit de circonstances pénibles, j’ai un très grand respect pour l’équipe de spécialistes de l’UNICEF et pour les modèles parmi les meilleurs au monde qui guident notre travail. 

J’ai pu le constater de près lors de ma récente visite dans la région de la barrière de Darién, à la pointe sud du Panama qui relie l’Amérique du Nord à l’Amérique du Sud. Cette région constitue l’une des routes migratoires les plus dangereuses au monde. Il y a quelques années, très peu de personnes tentaient de parcourir les 100 kilomètres de jungle, et celles qui le faisaient étaient en grande partie des hommes adultes célibataires. L’année dernière, plus de 40 000 enfants l’ont fait. Les conditions pénibles de la barrière de Darién sont difficiles à exagérer. Marais. Forêts humides et escarpées dans les montagnes. Insectes et serpents mortels. Rivières imprévisibles d’eau non potable. Boue dans laquelle on s’enlise. Violences sexuelles, homicides et vols. Il est difficile d’imaginer que quelqu’un – et encore moins de jeunes enfants – puisse faire ce voyage, mais j’en ai rencontré plusieurs qui l’ont fait. L’un des membres de notre équipe qui travaille dans la tente des enfants de l’UNICEF dans le centre de migration de Lajas Blancas m’a dit : « La jungle vole une partie de leur enfance. Mais ici, nous en remettons une partie en place ». L’UNICEF touche des vies d’une manière que beaucoup d’entre nous ne peuvent même pas imaginer.

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Sevaun Palvetzian, directrice générale d’UNICEF Canada, en compagnie d’enfants et de membres du personnel à l’intérieur d’un espace adapté par l’UNICEF pour les enfants, à Lajas Blancas, au Panama.

Comment le fait d’être mère de deux filles a-t-il un effet sur votre travail à UNICEF Canada et dans votre travail pour les enfants en général?

Pour moi, la famille est un verbe. Je suis avant tout une maman en chef et c’est vraiment ce qui façonne ma façon de voir le monde. Mes filles ont été élevées en considérant la salle à manger comme leur première salle de classe, et le monde comme leur programme d’études. Nous avons eu d’innombrables conversations (avec leurs amis aussi!) sur l’inégalité qui ponctue et détruit l’enfance de trop de personnes.

En tant que mère, je me sens profondément liée à la mission d’une organisation au service de l’enfance. Nous aimons tous nos enfants, mais notre capacité à subvenir à leurs besoins est profondément inégale. Je me sens très privilégiée de faire partie de la famille de l’UNICEF qui travaille sans relâche pour que chaque enfant ait une chance de réaliser son véritable potentiel. 

Chaque enfant a droit à des services de base comme l’éducation, les soins de santé, la protection, l’eau potable et une alimentation nutritive. Mais chaque enfant a également droit à des occasions qui lui permettront de contrôler son propre avenir plutôt que de le voir dicté seulement par les circonstances qui l’entourent. L’UNICEF contribue à combler ces lacunes comme aucune autre organisation au monde. Je suis reconnaissante d’être ici pour aider à améliorer les choses.

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Une fille se lave les mains dans la cour de récréation de son école à Mbandaka, en République démocratique du Congo. [© UNICEF/UN0512975/Dejongh]

Vous avez une expérience professionnelle diversifiée. Vous avez travaillé en tant que cadre dans un gouvernement, dans le secteur des entreprises et dans des organisations non gouvernementales. Comment ces expériences vont-elles influencer votre travail ici à l’UNICEF? 

Au 21e siècle, l’impact mondial est un sport d’équipe. La complexité des défis auxquels nous sommes confrontés ne peut être abordée de manière équitable par un seul secteur. J’ai eu la chance d’avoir une carrière diversifiée dans de nombreux secteurs. Cela m’a donné une perspective unique sur les leviers de changement dont disposent les gouvernements, les ONG et les entreprises, et sur la manière dont ils peuvent être utilisés pour avoir un impact durable là où c’est le plus nécessaire.

De la protection des enfants aux changements climatiques, les défis mondiaux ne s’arrêtent pas aux frontières ou aux rivages. Heureusement, le travail de l’UNICEF ne s’arrête pas là non plus. J’ai pu voir de près comment les notions d’échelles prennent de l’ampleur et sont redéfinies par le travail de l’UNICEF. Cet objectif peut être atteint grâce à nos partenariats – avec les gouvernements, les entreprises, les chefs et les anciens des collectivités, les familles, les jeunes et nos nombreux sympathisants à travers le Canada. Nous avons besoin de cette armée grandissante pour tenter de répondre aux besoins croissants : depuis 2015, il y a trois fois plus de personnes dans le monde qui ont besoin d’aide.

L’UNICEF est là lorsque les catastrophes frappent, mais il est fantastique de voir comment nous sommes également là, en partenariat avec les gouvernements, pour mettre en place des changements durables pour les enfants. C’est un levier très puissant. Un responsable d’un bureau de pays m’a confié que « c’est à l’UNICEF qu’est souvent passé le premier ou le seul appel » des gouvernements locaux qui mettent en place des mesures de soutien pour les enfants. Le Cambodge en est un exemple : nous nous efforçons d’assurer la formation et le perfectionnement du personnel des services sociaux afin qu’il y ait des professionnels dans la collectivité qui se concentrent sur la protection de l’enfant et qu’il existe, aux échelles provinciale et nationale, un cadre permettant d’établir des priorités en la matière.

Étant donné que nous travaillons dans le domaine de l’aide humanitaire et du développement international, les efforts de l’UNICEF ont un effet direct et multiplicateur. Cela m’enthousiasme. 

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Sevaun Palvetzian lors d’une récente visite au Panama et à la barrière de Darién avec (de gauche à droite) John Tovar, spécialiste en eau, assainissement et hygiène, Vicente Teran, représentant adjoint du bureau national du Panama, et Gina De La Guardia, agente responsable de la protection de l’enfance.