Oishi sait qu’elle ne devrait pas errer dans les rues ces temps-ci. Elle a entendu parler de la COVID-19 et elle sait qu’elle pourrait tomber malade si elle ne reste pas à l’intérieur. Cependant, sa famille a du mal à joindre les deux bouts pendant le confinement; elle sort donc pour essayer de vendre les objets jetés qu’elle a pu récupérer dans les rues de Dacca.

« Je n’ai pas le choix, je dois aider mon père à vendre ces choses. Lorsque je ne l’aide pas, je dois aider ma mère à faire les corvées ménagères et je dois aussi m’occuper de mes frères et sœurs », dit la jeune Oishi, âgée de 11 ans.

Les histoires comme celle d’Oishi sont courantes dans la capitale du Bangladesh, où des enfants désespérés font de leur mieux pour aider les membres de leur famille à survivre tant bien que mal. Mais, bien que sa famille soit pauvre, Oishi sait qu’elle peut rentrer chez elle à la fin de la journée. Les choses sont bien différentes pour les enfants qui vivent dans la rue.

UN DOUBLE COUP DUR

Au Bangladesh, des centaines de milliers d’enfants vivent dans la rue, et on s’attend à ce que leur nombre continue à croître.

La pandémie de COVID-19 s’avère particulièrement difficile pour beaucoup d’entre eux. Non seulement ces enfants n’ont souvent pas accès à du savon et à de l’eau potable pour se protéger contre le coronavirus, mais même la simple recommandation de « rester à la maison », ne signifie pas grand-chose pour eux, puisqu’ils n’ont nulle part où aller.

En collaboration avec ses partenaires et en coordination avec le ministère des Services sociaux du Bangladesh, l’UNICEF vient en aide aux enfants qui vivent dans la rue et leur offre un appui psychosocial et une éducation non formelle, tandis que ses centres de soutien à la protection de l’enfance leur procurent un accès aux services sociaux de base, une protection contre les préjudices et des services de réinsertion. L’UNICEF aide également des refuges temporaires qui procurent aux enfants de l’eau et de la nourriture, des soins de santé et un lieu sûr où jouer et se détendre des pressions liées à la vie dans la rue.

« LE CORONA NE PEUT PAS NOUS INFECTER ICI »

« Nous sommes bien mieux à l’intérieur du refuge qu’à l’extérieur. Ici, nous ne pouvons pas attraper le coronavirus si nous adoptons de bonnes pratiques d’hygiène de base et si nous respectons la distanciation physique », dit Shahina, âgée de 14 ans.

Shahina fait partie des 20 enfants hébergés dans un refuge géré par un partenaire de l’UNICEF, Aparajeyo Bangladesh. Les enfants qui y séjournent n’ont pas accès à Internet, mais ils peuvent suivre des cours à la télévision. Ils ont aussi une enseignante, Monoara, qui est joignable par téléphone.

« Je réponds à leurs questions, je les aide à rédiger des notes et je leur donne régulièrement des devoirs pour qu’ils puissent suivre les autres élèves lorsque les écoles rouvriront. Mais, en ce moment, leur santé est ce qui compte le plus » explique Monoara.

UNE PROTECTION À L’INTÉRIEUR COMME À L’EXTÉRIEUR

La travailleuse sociale Shahnaz Rahman explique qu’il est essentiel que les enfants du refuge reçoivent les soins psychosociaux dont ils ont besoin, même lorsque certains membres du personnel ne peuvent pas physiquement être présents en raison du confinement.

« J’appelle au moins quatre fois par jour pour savoir comment vont les enfants. J’essaie d’apporter une certaine énergie positive et je parle ouvertement de la pandémie pour que les enfants n’intériorisent pas leur anxiété », dit-elle. L’UNICEF a également fourni du savon et du désinfectant supplémentaires, ainsi que des brochures expliquant comment prévenir la propagation de l’infection.

Shahnaz Rahman se sent mal de ne pas pouvoir être présente auprès des enfants, mais elle sait qu’ils obtiennent le soutien dont ils ont besoin de la part des deux intervenants résidents, des deux cuisiniers et de la gardienne, qui restent tous en contact avec les travailleurs sociaux et surveillent les enfants 24 heures sur 24.

« Les enfants s’aident eux-mêmes également en jouant à des jeux de groupe à l’intérieur et en étudiant », ajoute-t-elle.

Hasan, âgé de 16 ans, dit que les enfants du refuge s’ennuient de l’école et de leurs amis.

« Mais nous nous sentons en sécurité à l’intérieur du refuge. Nous sommes prudents et nous essayons de nous entraider. Les enfants plus âgés aident les plus jeunes avec leurs cours, et nous essayons de nous encourager les uns les autres », dit-il.


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