L’émergence de la COVID-19 au Nigéria a forcé le confinement dans certaines régions du pays. Certaines personnes travaillent de la maison, beaucoup d’autres ne travaillent pas, mais l’agente d’état civil Chioma Agudosi n’a pas le choix, et elle adore ça.

« Je travaille avec des enfants et je suis moi-même une maman », dit madame Agudosi, qui travaille avec la Commission nationale de la population à Abuja, la capitale administrative du Nigéria.

« Ce que je fais me tient à cœur, surtout lorsque cela concerne le bien-être des enfants. »

Le travail de madame Agudosi est primordial. Bien que la COVID-19 ait provoqué des mises en confinement à l’échelle mondiale, ait paralysé en partie l’économie et bloqué l’accès à de nombreux services de base, les bébés continuent de naître.

La Division de la Statistique des Nations Unies estime que le nombre d’enfants âgés de moins d’un an au Nigéria pourrait s’élever cette année à sept millions. Toutes ces naissances devront être enregistrées et des certificats de naissance devront être délivrés, en dépit de la COVID-19, pour que ces enfants puissent avoir un accès garanti aux services sociaux de base, aux soins de santé essentiels, à une éducation de base et à des services de développement du jeune enfant.

Du 29 avril au 1er mai, madame Agudosi a enregistré la naissance d’une soixantaine d’enfants. Ses propres enfants possèdent eux aussi des certificats de naissance. Mais ce travail est maintenant durement touché.

Seuls les prestataires de services essentiels sont autorisés à se déplacer pendant les restrictions à Abuja, mais madame Agudosi, qui est considérée comme une travailleuse non essentielle, ne possède pas de voiture. Avec très peu d’options de transport, elle doit se rendre par ses propres moyens au centre de santé primaire de la communauté de Jiwa, un bidonville urbain densément peuplé d’Abuja.

« Le matin, je me réveille, je prépare le petit-déjeuner pour ma famille, je m’habille et je pars travailler. Il n’est pas facile de se rendre jusqu’à l’hôpital. Mais une fois sur place, le fait de rencontrer les nouveau-nés me permet en quelque sorte d’oublier plus facilement mes soucis. Le retour à la maison n’est pas plus facile, faute de moyens de transport », explique-t-elle.

Le centre de santé primaire où travaille madame Agudosi accueille des milliers de femmes qui viennent y accoucher. Les nouveau-nés doivent être vaccinés et leur naissance enregistrée, malgré la COVID-19. La présence de madame Agudosi est nécessaire à la clinique, malgré la pandémie. Elle doit respecter les protocoles de protection et de contrôle des infections pour se protéger, protéger les personnes autour d’elle et protéger sa famille une fois de retour à la maison.

« La pandémie de COVID-19 a vraiment affecté mon travail. Il est non seulement difficile d’arriver jusqu’à l’hôpital, mais, lorsque je m’occupe des gens, je ne peux pas m’en approcher; je dois garder mes distances. »

Avant l’émergence de la pandémie de coronavirus, madame Agudosi était habituée à travailler dans une salle remplie de femmes, accompagnées de bébés en pleurs, qui faisaient la queue pour recevoir les vaccins et faire enregistrer les naissances. Avec la pandémie, la situation a changé.

« Avant, nous pouvions faire asseoir de nombreuses personnes et nous en occuper librement, mais maintenant nous devons maintenir une distance de deux mètres entre chaque personne et il est souvent difficile de communiquer », dit-elle à propos des changements.

Toutefois, madame Agudosi poursuit son travail malgré l’inquiétude croissante suscitée par la propagation du coronavirus et la facilité apparente de le contracter. La COVID-19 est extrêmement contagieuse et elle constitue une grande menace pour le personnel de la santé. La plupart des personnes qui contractent la maladie sont infectées dans le cadre de leur travail dans des établissements de santé.

« Ce n’est pas que je n’en ai pas peur, mais qu’est-ce que je peux faire? J’ai un travail important à accomplir », dit-elle.

Une fois les nouveau-nés vaccinés au centre de santé, il incombe à madame Agudosi de veiller à ce que chacun d’entre eux soit inscrit en tant qu’entité individuelle et qu’il ne s’agit pas simplement d’une autre naissance non enregistrée et laissée de côté. Ces enregistrements sont ajoutés à une base de données qui aidera la planification des services sociaux au Nigéria.

À Jiwa, chaque naissance est un moment de bonheur pour les parents, le personnel de la santé et le personnel de l’état civil.

Bien que la COVID-19 rende difficile l’enregistrement de chaque nouvelle naissance, les agentes et agents de l’état civil bravent le virus pour s’assurer que la naissance de chaque nouveau-né est enregistrée, garantissant ainsi à chacun d’entre eux une identité officielle qui les aidera tout au long de leur vie.