Écrit par Matin Moradkhan, Coquitlam, Colombie-Britannique et Saba Vatanpour, Vancouver, Colombie-Britannique, au nom de la fondation Talk Mental Health.

La pandémie de COVID-19 a donné lieu à des difficultés sans précédent dans le domaine de la santé mentale, laissant des effets profonds chez les personnes et les communautés à l’échelle mondiale. L’isolement et l’incertitude provoqués par le confinement et les mesures de distanciation sociale ont exacerbé les sentiments de solitude et d’anxiété. Beaucoup ont souffert de la perte de la routine, de difficultés financières et de la crainte de contracter la maladie. La pandémie a également mis en lumière les disparités en matière d’accès aux soins de santé mentale, mettant en évidence le besoin urgent de services inclusifs et accessibles. Bien que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ait officiellement déclaré que la pandémie était terminée, nous continuons de faire face aux difficultés actuelles et devons donner la priorité à la santé mentale et créer une communauté nationale plus compatissante et solidaire.

Les effets sur la santé mentale des jeunes au Canada

Chaque année, environ 20 pour cent des Canadiennes et des Canadiens souffrent de maladie mentale, et de nombreux parmi eux doivent attendre longtemps pour recevoir des soins ou reçoivent des soins insuffisants, ce qui touche particulièrement les jeunes. Avant les perturbations causées par la COVID-19, les troubles de santé mentale et liés à l’abus d’alcool et d’autres drogues figuraient déjà parmi les principales sources d’invalidité au Canada, tous groupes d’âges confondus. La pandémie a exacerbé cette situation, intensifiant les sentiments d’isolement, de stress, de peur et de chagrin.

La recherche indique que l’accès aux services de santé mentale pour les jeunes Canadiennes et Canadiens demeure un problème préoccupant. Bien que les jeunes âgés de 16 à 24 ans courent un risque plus élevé de problèmes de santé mentale et de dépendance, leurs besoins en matière de soins dans ce domaine ne sont généralement pas satisfaits. La Commission de la santé mentale du Canada indique de plus que « la maladie mentale touche environ 1,2 million de nos enfants et adolescents. À l’âge de 25 ans, ce nombre atteint 7,5 millions (environ un Canadien sur cinq) ». Ces nombres sont accablants.

Un combat personnel avec la santé mentale

Au moment où nous écrivons cet article, nous souhaitons vous faire part que notre expérience personnelle a été similaire à celle de nombreux jeunes au Canada. La pandémie a surtout eu un effet durable sur la santé mentale de l’une d’entre nous, allant de l’anxiété à un sentiment de solitude. Bien que la pandémie soit terminée, ses effets persistent dans la gestion du deuil et de l’anxiété. Il est essentiel de se concentrer davantage sur la sensibilisation aux différentes ressources existantes tout en réduisant la liste d’attente pour les services de santé mentale ainsi que leur coût.

S’occuper de la crise de la santé mentale

S’attaquer à la crise de la santé mentale au Canada postpandémique nécessite une approche multidimensionnelle. Il est primordial que les décideurs politiques accordent la priorité au financement et aux ressources en matière de santé mentale, en veillant à ce que les services de santé mentale soient accessibles et offerts à toutes les personnes qui en ont besoin. La promotion de la sensibilisation à la santé mentale en soutenant les organisations dirigées par des jeunes qui visent à sensibiliser, à créer des ressources inclusives et à déstigmatiser la recherche d’aide pour des problèmes de santé mentale est de plus essentielle pour encourager les personnes à demander de l’aide.

L’Association canadienne pour la santé mentale indique que 87 pour cent des personnes qui vivent au Canada exigent des soins de santé mentale universels. Des soins de santé mentale universels peuvent réduire les obstacles à l’accès pour tous à des services appropriés, en particulier pour les jeunes qui ne peuvent pas se permettre de payer ces services. La santé mentale universelle peut rendre les services accessibles et abordables grâce aux régimes publics d’assurance-maladie accessibles à tous.

La voie à suivre

En conclusion, bien que la phase aigüe de la pandémie soit peut-être terminée dans certaines régions, la crise de la santé mentale au Canada est loin de l’être. Il est essentiel de reconnaître les effets durables de la pandémie sur le bien-être mental et de prendre des mesures proactives pour faire face à cette crise, qui s’est aggravée pendant la pandémie. Se concentrer en particulier sur la santé mentale des jeunes et des enfants et investir dans des stratégies de prévention peut jouer un rôle central. Le Canada peut œuvrer à la guérison et à la reconstruction du bien-être mental à l’ère postpandémique en promouvant la sensibilisation, en investissant dans les services de santé mentale, en soutenant les défenseurs des jeunes et en investissant dans des soins de santé mentale universels.


Région géographique :