By Victor Chinyama and Jamal Abdi Sarman

Berbera, Somaliland, décembre 2021. Lorsque la salle de classe a pris feu il y a trois ans, le directeur de l’école, Abdelhaziz Ahmed, a craint le pire. Comme il s’agissait de la seule salle de classe de l’école répondant aux besoins des enfants vivant avec un handicap, il a vu les espoirs et les rêves de 25 enfants partir en fumée.

L’école primaire Omar Bin Khatab, qui compte 550 élèves, faisait partie d’une poignée d’écoles du Somaliland proposant un enseignement aux enfants vivant avec un handicap. Dans une société où le handicap est stigmatisé, l’école offrait aux enfants un refuge contre la discrimination généralisée et une occasion d’apprendre.

Plutôt que de renvoyer les enfants à la maison, Abdelhaziz a décidé de les intégrer dans les classes régulières. Ce n’était pas une décision facile, car certains des enseignants et enseignantes n’étaient pas formés aux besoins spéciaux, et il craignait que les enfants ne soient pas acceptés par les autres élèves.

« Je ne pouvais pas abandonner ces enfants, dit Abdelhaziz. Ils n’avaient pas d’autre soutien. C’était la seule installation spécialement conçue pour eux. »

L’intégration n’a pas été facile. Les enfants ont été raillés par les autres élèves et insultés.

This special needs classroom at Omar Bin Khatab Lower Primary School in Berbera, Somaliland caught fire in 2018 and had to be abandoned. The children were integrated into mainstream classrooms.
Cette classe de l’école primaire Omar Bin Khatab, à Berbera, au Somaliland, accueillait des enfants avec des besoins spéciaux. Quand elle a passé au feu en 2018, elle été abandonnée. Les enfants ont alors intégré une classe régulière.

La force de l’éducation inclusive

Environ un an plus tard, l’école faisait partie des 65 écoles du Somaliland sélectionnées par le ministère de l’Éducation pour participer à la campagne À toute épreuve, un programme de l’UNICEF soutenu par le gouvernement du Canada afin d’appuyer l’éducation des filles vivant avec un handicap.

En un an et demi, le programme a permis de former des enseignants et enseignantes aux méthodes d’enseignement adaptées aux personnes vivant avec un handicap, de construire des toilettes et des installations sanitaires pour les filles vivant avec un handicap, de fournir des cartables et du matériel d’enseignement et d’apprentissage, et également des brouettes et des poubelles pour la gestion des déchets. Selon Abdelhaziz, le programme a contribué de manière significative à réduire la stigmatisation des enfants vivant avec un handicap. Les membres du personnel enseignant formés reçoivent une allocation mensuelle de 100 $ US.

« Depuis le début du programme, les injures ont diminué et les résultats scolaires des enfants se sont améliorés », affirme Abdelhaziz.

Le programme a profité à des élèves comme Abdiweli Hamze, 11 ans, qui est né dans une famille de 12 personnes et vit avec sa grand-mère. Ses frères et sœurs vivent dans une autre ville à 60 km.

« Les toilettes sont mieux qu’avant », dit-il. « Elles sont plus récentes, plus propres et il y a l’eau courante. Je peux les utiliser plus facilement, car le sol est en béton. »

Abdiweli aime l’anglais, les sciences, l’arabe, l’éducation religieuse, et dit qu’il veut devenir médecin.

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Les élèves avec des besoins spéciaux de l’école primaire Omar Bin Khatab, à Berbera, au Somaliland, ont intégré les classes régulières après que leur classe ait passé au feu.

Surmonter la stigmatisation, une école à la fois

Shacban Abdilahi Elmi est responsable de programme au Youth Volunteers Development and Environmental Conservation (YOVENCO), une organisation non gouvernementale dirigée par des jeunes qui s’est associée à l’UNICEF pour soutenir les écoliers vivant avec un handicap au Somaliland. Il précise que le programme À toute épreuve profite à 800 enfants dans 65 écoles, dont la majorité a de graves handicaps physiques et intellectuels.

« L’un de nos plus grands défis est le manque d’écoles pour les enfants ayant des besoins spéciaux, en particulier ceux qui ont besoin d’appareils », dit-il. « Si l’on ajoute à cela la pauvreté et les attitudes culturelles négatives, il va sans dire que de nombreux autres enfants ne sont pas inscrits à l’école et ne reçoivent pas d’aide. »

Les 65 écoles soutenues par le programme À toute épreuve reçoivent du matériel d’enseignement et d’apprentissage, et chacune dispose d’une enseignante ou d’un enseignant formé aux besoins spéciaux. L’allocation mensuelle de 100 $ US sert d’incitatif pour les membres du personnel enseignant. Le programme fournit également des rations alimentaires comme du riz et des dattes aux familles pour les encourager à inscrire leurs enfants.

Shacban affirme qu’avant le programme À toute épreuve, les enseignantes et enseignants étaient incapables de distinguer les enfants vivant avec un handicap. Après la formation, ils sont en mesure de nommer le nombre d’enfants vivant avec un handicap dans leur école et d’avoir les données incluses dans le système d’information de gestion de l’éducation.

Le programme a également attiré l’attention de la ville de Berbera, qui a mené une enquête auprès des ménages avec des enfants vivant avec un handicap, et les a inclus dans les allocations budgétaires de la ville pour 2022.

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En partenariat avec le gouvernement du Canada, UNICEF Canada soutient l’éducation des filles vivant avec un handicap dans 65 écoles du Somaliland par l’intermédiaire du programme À toute épreuve. 


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