Les gens de ma communauté dans mon petit village en Ontario savent faire preuve de compassion et de bienveillance dans les meilleurs moments, tout comme la plupart des Canadiennes et Canadiens. Toutefois, étant aux prises avec des problèmes de santé mentale depuis mon plus jeune âge, je ne peux m’empêcher de me demander dans quelle mesure ma communauté compatissante et bienveillante a contribué à mon état. Ma communauté m’a appris à prendre soin des autres, mais m’a-t-elle appris à prendre soin de moi-même?

Mes problèmes de santé mentale ont commencé lorsque j’étais très jeune. Au début, des comportements obsessionnels compulsifs se sont manifestés, puis, plus j’approchais de l’adolescence, l’anxiété et la dépression se sont infiltrées dans ma vie. Ces combats internes m’accablaient à un tel point que j’avais perdu tout espoir. Pire encore, je me sentais complètement démunie face à ma contribution à la société. Malheureusement, la honte associée aux problèmes de santé mentale va au-delà des relations interpersonnelles et devient une question de perspective communautaire.

Par exemple, il y a deux ans, un ami et moi avons lancé un mouvement de sensibilisation à la santé mentale appelé le projet Bridges of Hope. Ce projet est une initiative qui vise à sensibiliser le public et à répandre la positivité en affichant des messages d’espoir sur les ponts achalandés de notre région. Nous avons organisé des événements au cours desquelles des gens ont pris la parole pour parler de leurs expériences personnelles et notre communauté a profité de l’occasion pour diffuser des renseignements sur les ressources locales qui peuvent offrir du soutien lors de périodes difficiles. J’ai adoré et j’adore toujours diriger ce projet, mais je suis aussi très consciente du fait que je suis perçue différemment par ma communauté depuis que j’ai porté au grand jour mon parcours personnel.

Même si je milite pour l’amélioration de la positivité au sein de ma communauté, je reste humaine et j’apprends tous les jours. J’apprends encore l’autocompassion. Étant donné que je parle ouvertement de mes difficultés, certains peuvent croire à tort que j’ai tout résolu et que je connais dorénavant les secrets d’une vie plus heureuse. Or, bien que je sois déterminée à défendre avec ardeur les personnes qui n’ont pas su se tenir debout face à la maladie mentale, je dois également en apprendre davantage sur la façon de défendre mon propre bien-être. Je témoignerai de la compassion et de la bienveillance aux autres aussi souvent que possible, mais je dois aussi apprendre à prendre soin de ma propre personne.

Ma communauté m’a beaucoup appris sur la façon de prendre soin des autres. Je crois que si je n’avais pas grandi dans ce milieu, je n’aurais jamais pu participer à la création du projet Bridges of Hope. Cependant, il est clair pour moi que mon entourage ne m’a jamais appris à faire preuve de compassion envers moi-même et qu’en tant que Canadiennes et Canadiens, nous avons beaucoup à apprendre sur la façon de prendre soin de notre propre personne.

Je vous encourage à réfléchir à votre position sur l’autocompassion et à remettre en question les pensées critiques qui courent dans votre tête. Les communautés, dont la mienne, cherchent de plus en plus à comprendre l’importance de l’autocompassion et de l’épanouissement. Jusqu’à ce que nous en arrivions à une compréhension complète, tentez progressivement de vous accorder des moments de pause pour vous permettre d’évaluer quelles émotions quotidiennes ne vous sont pas bénéfiques, et comment vous pouvez vous en débarrasser.

Travailler sur son bien-être peut représenter un défi, mais je vous assure que cela vous amènera là où vous n’auriez jamais imaginé être, et transformera la façon dont vous vous sentez. Vous n’hésiteriez jamais à réconforter un ami, alors pourquoi ne le feriez-vous pas pour vous-même? C’est ce que chaque Canadienne et Canadien devrait faire.


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