Par David Morley, président et chef de la direction, UNICEF Canada

A man wearing a blue UNICEF jacket stands in front of a rubble, behind him the ruins of a building.
Le président et chef de la direction d’UNICEF Canada, David Morley, dans le centre-ville de Kahramanmaraş, à la suite des deux séismes dévastateurs ayant frappé le sud-est de la Türkiye. [© UNICEF/UN0829261/Ergen]

Gaziantep, Türkiye : Il y a un grand champ de décombres à Nurdagi, près de l’épicentre, où des bâtiments de huit étages en ruine se tiennent encore debout.  Un vieil homme nous a montré un immeuble dont une pièce était visible à travers un mur manquant.  « J’étais là.  J’ai agrippé une colonne et j’ai cru que j’allais mourir, mais j’ai survécu. Notre fils et notre belle-fille vivaient dans cet immeuble là-bas, nous a-t-il dit en indiquant un autre immeuble en ruine. Ils se trouvaient au quatrième étage.  Elle était sur le point d’accoucher, mais il l’a emmenée dehors en sécurité. Nous ne retournerons jamais à l’intérieur de ce bâtiment. »  Il nous a ensuite indiqué un espace à gauche de son ancien immeuble où il n’y avait rien. « Il y avait un autre immeuble à cet endroit. Quarante-six personnes y sont mortes. »

Les survivants habitent maintenant sur les terrains d’une université voisine, entre autres.  Ils ont installé des tentes partout autour du campus, dans les parcs de stationnement et les terrains de jeux.

Une grande remorque de plateau de tournage comme celles qu’on peut voir dans les environs de Toronto était garée devant l’édifice de la faculté de médecine dentaire.  Mais ce n’était pas pour un film, c’était un espace mobile adapté aux enfants qui était installé à cet endroit depuis l’emménagement des survivants sur les terrains de l’établissement.

Tandis que nous discutions avec certaines personnes, la pluie s’est soudainement mise à tomber et nous avons couru nous réfugier dans la remorque, juste devant un groupe d’enfants qui venaient pour une séance de jeu.  Au moins, ils jouent; les jeunes adultes compétents qui les dirigent utilisent des jeux pour aider les enfants à commencer à surmonter leurs traumatismes, à entreprendre, en quelque sorte, leur guérison. 

Demir est l’un des travailleurs ici. Il nous explique que les jeux auxquels ils jouent peuvent notamment être axés sur les émotions ou utiliser des blocs de construction. « Je vais construire une maison si solide, a dit un petit garçon à Demir, qu’elle ne tombera jamais. »  Au milieu de l’un des jeux, un énorme coup de tonnerre a retenti, faisant immédiatement naître une expression apeurée sur le visage d’une petite fille, qui a ensuite pris une grande respiration pour se calmer avant de retourner jouer avec ses amis.

A boy looks at the camera and smiles while waving two hand puppets.
Un jeune garçon joue avec des marionnettes dans un espace adapté aux enfants d’un refuge temporaire à Hatay, en Türkiye, à la suite des deux séismes dévastateurs ayant frappé le sud-est de la Türkiye. [© UNICEF/UN0826735/Karacan]

Une tente, un directeur déterminé et des enfants prêts à apprendre

Cet espace adapté aux enfants les aide également à se préparer à retourner à l’école.  Mais dans le village d’Incirli, non loin de la ville, l’un de ces nombreux héros locaux avec lesquels l’UNICEF a la chance de travailler aidait déjà les enfants à retourner à l’école.

Le village d’Incirli se trouve dans une belle vallée verte et fertile, mais il n’a pas été épargné par le séisme.  Lorsque le tremblement de terre a frappé, Arif, le directeur de l’école du village, a perdu sa maison.  Pendant trois jours, lui, sa femme et leurs trois enfants – dont un nouveau-né âgé de 40 jours seulement – ont vécu dans leur voiture.  Une fois que les routes sont devenues praticables, Arif a emmené sa famille chez ses beaux-parents qui vivaient dans une région plus sûre de la Türkiye, puis est retourné au village.

L’école avait été endommagée, pas détruite, mais il n’était pas sécuritaire d’y entrer. Arif a donc communiqué avec l’UNICEF afin d’obtenir de grandes tentes et du matériel pédagogique. Il a ensuite installé ces tentes dans la cour de récréation de l’école et a accroché des bâches en plastique à l’intérieur pour créer quatre salles de classe – et c’est là qu’il a recommencé à accueillir les élèves.  Au fil des jours, il a obtenu davantage de tentes et de matériel, il a incité les ingénieurs du gouvernement à venir évaluer les dommages causés au bâtiment et à les réparer. Puis, il y a quelques semaines, ils ont déclaré que l’école pouvait être réouverte.

Toutefois, les enfants avaient peur d’y entrer.

Arif et les autres enseignants ne les ont pas forcés à le faire.  Ils leur ont parlé des bris que les ingénieurs avaient trouvés sur le bâtiment, des réparations effectuées et du fait que, bien sûr, ils ne laisseraient jamais les enfants entrer dans un endroit qui n’était pas sécuritaire.  Les enseignants ont utilisé la salle du personnel, de sorte que les enfants les ont vus entrer dans l’école et en sortir.  Malgré tout, ils refusaient d’y entrer.

Jusqu’à aujourd’hui.

L’orage qui avait tant effrayé la petite fille dans l’espace adapté aux enfants avait trempé la cour de récréation et les tentes aussi.  Les enfants plus âgés ont commencé à dire qu’il serait peut-être préférable de rentrer dans l’école, qu’il était temps de surmonter leurs craintes.  Les élèves plus jeunes, ceux de première et de deuxième années, n’en étaient pas si certains eux.  Donc, les petits sont restés dans leur tente – c’était la plus sèche de toute façon – et les autres ont couru sous la pluie battante pour entrer dans l’école. Ils l’ont fait! Ils sont retournés dans leur l’école!

Cette démonstration de courage de la part des enfants m’a donné un regain d’espoir.  Il faudra de nombreuses années de persévérance, d’aide financière, de leadership, de travail acharné et de guérison pour surmonter la catastrophe causée par ce tremblement de terre.  Mais j’ai compris quelque chose lorsque j’ai vu ces braves enfants dans cette école cet après-midi-là.  J’ai réalisé que cette catastrophe pouvait être surmontée.

Soutenir nos partenaires en Syrie et en Türkiye afin que les enfants puissent continuer à apprendre

Depuis le séisme de février, des millions d’enfants ont vu leur éducation perturbée dans la région. Les enfants ont non seulement perdu leur maison, mais ils ont également perdu la sécurité de leur école, ainsi que leur espace d’apprentissage le plus fondamental. L’école offre plus qu’un lieu d’éducation; elle permet également aux enfants de retrouver un sentiment de normalité et les aide à surmonter les traumatismes provoqués par la catastrophe naturelle.

À ce jour, l'UNICEF a fourni du soutien en matière de santé mentale, du soutien psychosocial et des premiers soins psychologiques à plus de 212 730 enfants et aidants à travers la Türkiye, dans le cadre de son intervention humanitaire et de ses programmes de relèvement rapide.

L’UNICEF aide le gouvernement de la Türkiye à assurer la continuité de l’éducation, des services de développement de la petite enfance et de l’apprentissage dans des centres temporaires. Cela comprend la fourniture de matériel récréatif, pédagogique et d’apprentissage. L’UNICEF appuiera également les plans du gouvernement visant à installer des tentes scolaires et des salles de classe préfabriquées dans des endroits où les bâtiments scolaires ne peuvent plus être utilisés.

 


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