Les conditions dans lesquelles les enfants grandissent changent rapidement, laissant entrevoir un avenir qu’il est difficile de concevoir. Quelles sont les retombées de ces conditions changeantes sur la manière dont nous mesurons le bien-être des enfants? Les questions à ce sujet tournent essentiellement autour de trois grands points :

Pourquoi mesurons-nous le bien-être des enfants? Que mesurons-nous exactement? Comment faisons-nous pour effectuer de telles mesures?

Les réponses à ces questions sont étroitement liées et elles doivent évoluer au même rythme que le monde qui nous entoure; un monde rempli de possibilités pour les enfants et les jeunes.

Premièrement, pourquoi mesurons-nous le bien-être? Et pour qui le faisons-nous, exactement?

L’une des réponses les plus courantes à cette question est que nous mesurons ce paramètre pour influencer les décisions relatives aux politiques publiques. C’est tout à fait justifié, dans un univers où les politiques publiques sont déterminantes dans la portée et la distribution des résultats qui touchent le bien-être des enfants et des jeunes. Les recherches de l’UNICEF, incluant les Bilans Innoccenti, l’ont clairement démontré.

Dans un monde où le rôle et la portée des politiques publiques changent et sont façonnés par des valeurs sociales en mouvance, est-ce qu’un tel exercice vise à susciter un débat parmi les citoyens et citoyennes, ainsi que parmi les décideurs, afin de les amener à mieux connaître ces questions? Est-ce que nous offrons aux enfants et aux jeunes des outils leur permettant de contribuer aux orientations et aux utilisations de nos projets de mesure?

UNICEF Canada est en train de créer un Indice canadien de bien-être des enfants et des jeunes. L’un des buts suggérés par nos conseillers et conseillères est de réunir les Canadiennes et les Canadiens autour d’objectifs collectifs en faveur des enfants. Ensuite, il s’agit de permettre à tous les enfants et tous les jeunes d’atteindre leurs propres objectifs de mieux-être.

Que mesurons-nous?

Il n’existe pas de définition communément admise du bien-être des enfants et des jeunes qui pourrait servir de cadre conceptuel à l’intérieur duquel prendre des mesures.

Les données de recherche sur ce qui influence la situation des enfants et des jeunes sont privilégiées dans ce que nous mesurons. Le problème est que les connaissances issues de la recherche changent constamment. Ce que nous avons cru important hier ne l’est peut-être plus aujourd’hui.

De plus, beaucoup de ce que nous mesurons est ancré dans le passé et basé sur des décisions prises il y a longtemps, à partir de données qu’il était important de recueillir à une certaine époque. Le jeu libre et l’hygiène du sommeil, par exemple, sont de nouveaux indicateurs qui commencent à apparaître dans des cadres conceptuels mieux adaptés à l’enfance d’aujourd’hui.

Mais qu’en est-il de l’enfance de demain? Mesurons-nous dans la perspective d’un avenir vague ou pour documenter le passé?

Et que se passe-t-il lorsqu’on demande aux enfants eux-mêmes de définir ce qui doit être mesuré? Voici ce qu’une jeune fille a répondu, dans le cadre du travail d’UNICEF Canada avec des jeunes pour tenter de saisir ce qui contribue à leur bien-être et à quoi devrait ressembler une société qui en fait sa priorité :

« Des licornes en liberté. »

Voilà qui est difficile à évaluer et à mesurer.

Lorsque nous posons les mêmes questions à des adolescents et adolescentes, des variantes de ceci reviennent souvent :

« Mon chat me rend heureux. »

La présence d’un animal de compagnie ou le nombre et la qualité des relations de confiance dans la vie d’un jeune sont plus faciles à définir et à mesurer que des licornes.

Nous pouvons donc en conclure que lorsque nous demandons aux enfants ce qu’est le bien-être et à quoi il ressemble, les réponses nous conduisent dans différents champs et indicateurs que ceux qui existent dans les cadres conceptuels en usage.

Les jeunes gens membres de notre groupe de travail de l’Index estiment qu’on peut mesurer le bien-être par un seul indicateur (que viennent compléter les autres indicateurs) : les enfants et les jeunes veulent se sentir valorisés et entendus. Voilà donc un indicateur qui pourrait s’avérer viable à long terme.

Comment effectue-t-on la mesure?

À mesure que le champ des données disponibles subit de grandes transformations, l’UNICEF s’assure que cette révolution dans le domaine de la recherche profite aux enfants, particulièrement aux plus défavorisés.

On nous dit qu’il est plus facile et économique que jamais de recueillir et de recycler des données à toute échelle, mais nous avons à peine commencé à explorer de nouvelles approches.

Nous devons tous et toutes nous mettre au défi de créer concrètement de nouvelles possibilités pour les enfants tout au long de la chaîne de collecte de données. Est-ce que nous recueillons et utilisons les données « sur » les enfants ou « avec » et « par » les enfants?

Dans une époque de surdose d’information et de perturbations croissantes, il est temps de miser sur les données pour réagir de manière responsable.

Ce billet de blogue est tiré de l’allocution d’ouverture de Lisa Wolff à la 6e conférence de la Société internationale pour les indicateurs de l’enfance qui s’est tenue à Montréal du 28 au 30 juin 2017. Pour en savoir plus sur la manière dont UNICEF Canada mesure et améliore le bien-être des enfants au Canada, cliquez ici.