Yochingnu, travailleuse de la santé, a été témoin de beaucoup de changements au Bangladesh au cours de la dernière décennie, particulièrement en ce qui a trait au nombre et à la qualité des routes rurales. Mais, en dépit d’améliorations encourageantes, les gens doivent parcourir de longs trajets, souvent à pied, pour accéder aux vaccins vitaux.

« Les routes sont plus nombreuses maintenant », affirme Yochingnu à propos des Chittagong Hill Tracts, un ensemble de districts dans le sud-est du pays. Cependant, lorsque la plus récente campagne de vaccination a débuté en décembre 2020, son équipe devait tout de même quitter sa ville un jour d’avance pour s’assurer d’arriver à temps. « Une fois rendus au bout des chemins de terre, nous devions poursuivre hors piste pendant quelques heures. Puis, nous devions trouver un aîné du village et lui demander de nous héberger pour la nuit afin que la vaccination puisse commencer à 9 heures précises le lendemain matin. »

De tels longs et pénibles voyages ne représentent pas seulement un défi physique pour les travailleurs de la santé, mais aussi un défi logistique. Les fioles du vaccin rougeole-rubéole doivent être préservées dans la glace pour assurer leur efficacité au moment de l’administration. Cela fait partie de ce qu’on s’appelle communément la chaîne frigorifique – une série d’événements précisément coordonnés dans des espaces à température contrôlée pour le stockage, la gestion et le transport de ces vaccins vitaux.

« À la fin de la campagne, dans l’après-midi, les blocs réfrigérants s’étaient réchauffés et toute dose de vaccin qui n’avait pas été administrée était identifiée comme destinée à l’élimination », déclare Yochingnu.

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[© UNICEF/UN0413556/Mawa]

Yochingnu fait partie des milliers de travailleurs de la santé du Bangladesh qui ont récemment réalisé la tâche colossale de vacciner 36 millions d’enfants partout au pays contre la rougeole et la rubéole. La campagne de vaccination a été menée par le gouvernement du Bangladesh, avec l’appui de l’UNICEF et de l’Organisation mondiale de la Santé.

Prévu pour mars 2020, le début de la campagne a été reporté en raison de la COVID-19. Même lors du lancement – en décembre 2020 – il était clair que cette campagne ne se déroulerait pas comme les campagnes précédentes. Plutôt que de suivre le calendrier prévu de trois semaines, la campagne de vaccination contre la rougeole et la rubéole s’est échelonnée sur six semaines pour éviter que les gens ne se présentent en trop grand nombre aux sites de vaccination.

De plus, travailleurs de la santé, parents et enfants devaient respecter des directives strictes mises au point avec l’aide de l’UNICEF pour assurer la livraison sécuritaire des vaccins. Au nombre des directives : l’utilisation adéquate du masque, la distanciation physique et le lavage régulier des mains.

Bisakha, mère de deux enfants, est l’un des nombreux parents qui n’avait d’autre choix que de voyager à pied avec ses enfants pour qu’ils puissent se faire vacciner. Ensemble, ils ont gravi des collines escarpées et traversé des forêts pour se rendre à la clinique la plus près.

« Une voisine m’a parlé de la campagne. Je me suis donc rendue dans une clinique avec mes enfants pour qu’ils puissent se faire vacciner, dit Bisakha. Enfant, je me souviens avoir vu des cas de rougeole. C’est une maladie très dangereuse qui se propage très rapidement. »

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[© UNICEF/UN0413554/Mawa]

Renforcer la chaîne

Au cours des quatre dernières années, l’UNICEF a investi 12 millions de dollars dans le renforcement de la capacité de la chaîne frigorifique au Bangladesh. Des chambres froides ont été installées et de l’équipement de réfrigération, des boîtes froides et des transporteurs de vaccins ont été obtenus. Des systèmes d’information pour la gestion de la logistique et de la formation destinée aux travailleurs de la santé ont aussi été mis au point.

Des investissements au niveau central, ainsi qu’au niveau des districts et sous-districts, permettent d’assurer une chaîne frigorifique sans maillon brisé. Ils font aussi en sorte que des travailleurs de la santé comme Yochingnu reçoivent les outils nécessaires pour administrer des vaccins à température contrôlée sûrs et efficaces.

De plus, l’investissement dans l’administration du vaccin rougeole-rubéole sera un atout précieux pour le déploiement à l’échelle nationale des vaccins contre la COVID-19.

Chandrasegarar Soloman, spécialiste de la santé avec UNICEF Bangladesh, dit que l’importance accordée à la COVID-19 ne doit pas reléguer les autres maladies au second plan. « Nous concentrons nos efforts à la fois sur la poursuite de la vaccination de routine et sur l’accélération de la distribution des vaccins contre la COVID-19, dit-il. Cela représente un défi monumental, mais, tout comme les travailleurs de la santé de première ligne, nous sommes prêts à jouer notre rôle. »

Yochingnu estime qu’il faudra en faire beaucoup plus pour que les enfants puissent continuer à recevoir des vaccins vitaux. Elle ajoute : « Si la campagne de vaccination contre la rougeole et la rubéole était un test pour le déploiement des vaccins contre la COVID-19, je dirais que nous l’avons réussi haut la main. »