Par Samuel Waterton  

Rehima traversait une passe sombre.

En état de grossesse avancée, elle souffrait d’une fatigue extrême et de vertiges, et avait une vision floue. Un jour, alors qu’elle cuisinait, elle s’est évanouie et est tombée sur une casserole. Elle ne pouvait plus se tenir debout. Elle était si faible et souffrait tellement qu’elle sentait qu’elle ne pouvait plus continuer.

Ses amies et sa famille ont décidé qu’elle devait se rendre de toute urgence au poste sanitaire le plus proche, un trajet de trois heures à moto sur des routes accidentées dans la région rurale d’Oromia, en Éthiopie.

Elle ne le savait pas encore, mais une simple pilule allait transformer sa vie.

Les suppléments de micronutriments multiples fournis par l’UNICEF et le ministère fédéral de la Santé contiennent 15 vitamines et minéraux cliniquement prouvés pour aider à améliorer la santé des femmes enceintes, des mères allaitantes et de leurs bébés.

Rehima a été reçue au poste sanitaire Kolabe Bale par Workitu Abera, une agente de vulgarisation sanitaire débordant d’énergie positive et allant d’une patiente à l’autre à différents stades de la grossesse pour procéder à des dépistages nutritionnels, administrer des vaccins et faire des examens prénataux.

Des micronutriments pour la mère et son bébé

A woman looks at the camera smiling. She is holding a baby in a pink blanket who is sleeping.
Rehima Desiosio avec son bébé Shurki, âgé de deux mois, lors d’un examen de routine au poste sanitaire Kolabe Bale. [© UNICEF/UN0792386/Ayene]

Workitu a prescrit des suppléments de micronutriments multiples à Rehima et lui a conseillé de prendre une pilule par jour avec de l’eau et de la nourriture. Alitée pendant des mois, Rehima a commencé à reprendre des forces.

« Après 10 jours, je pouvais me tenir debout, aller chercher de l’eau et ramasser du bois. Je pouvais couper du bois et cuisiner sur le pas de notre porte. Mes enfants se réjouissaient de mes progrès. Ils disaient : ‘Notre mère peut se tenir debout maintenant’. J’ai retrouvé ma tranquillité d’esprit, et le visage de mon mari est devenu plus lumineux », explique Rehima.

La nouvelle concernant les suppléments s’est répandue rapidement, et la plupart des femmes enceintes de la région en prennent maintenant. Elles savent que c’est bon pour elles et pour leur bébé.

« Avant de prendre des suppléments de micronutriments multiples, j’étais extrêmement fatiguée, étourdie et faible. Après environ une semaine, tout s’est arrêté. J’aime ça. C’était bon pour la croissance et le poids de mon bébé, et j’ai accouché à la date prévue », dit Kokobe Ashebir, son bébé, âgé de deux mois, profondément endormi dans ses bras.

Ouvrir la voie pour une meilleure alimentation maternelle

Two photos side by side. Photo on the left shows a nurse handing out medicine over a desk to a pregnant woman seated on the other side of the table. The photo on the right shows the nurse doing a check up on the pregnant woman with a stethoscope.
Mekiye Turi est enceinte de cinq mois. Elle rencontre la travailleuse de la santé Workitu Abera qui lui a donné les suppléments de micronutriments multiples fournis par l’UNICEF lorsqu’elle était enceinte de trois mois, grâce auxquels sa santé s’est nettement améliorée. [© UNICEF/UN0792392/Ayene, © UNICEF/UN0792393/Ayene]

Workitu vit dans la localité et procure des soins de santé à plus de 700 familles. Elle connaît donc bien les problèmes alimentaires auxquels font face les femmes de la région.

« Il y a un dicton ici qui dit que les femmes mangent leur tablier. Cela signifie que leur besoin de manger n’est même pas pris en considération. Les femmes préparent la nourriture, nourrissent les hommes, puis finalement mangent après eux. Il peut rester ou non assez de la nourriture préparée pour qu’elles puissent manger », explique-t-elle.

Sire, dans la région d’Oromia, est une zone rurale qui connaît une période particulièrement sèche, ce qui rend certains aliments difficiles à trouver ou chers. « J’aimerais consommer plus d’œufs, de viande et de lait et je sais que c’est bon pour mon bébé, mais je n’ai tout simplement pas les moyens », déclare Mekiye Turi, enceinte de cinq mois et patiente du centre de santé Kolabe Bale. En l’absence d’une alimentation diversifiée, les suppléments contribuent à constituer des réserves nutritionnelles pour elle et pour son bébé. « Avant de prendre des suppléments de micronutriments multiples, ma vision était floue et j’avais des vertiges. Depuis que je les prends, je n’ai plus à me plaindre. »

Dans le cadre de ses consultations et de sa participation active aux réunions communautaires, Workitu défend la nécessité de mieux s’occuper de l’alimentation des femmes. Elle a même commencé un jardin communautaire dans l’enceinte de sa clinique pour montrer comment cultiver des légumes frais localement. Pour elle, la solution est simple : « Si une femme mange des aliments nutritifs et reçoit des soins prénataux pendant sa grossesse, elle aura un enfant en bonne santé ».

Rehima est bien placée pour le savoir alors qu’elle berce Shurki, son bébé âgé de deux mois. « Workitu m’a soignée, m’a donné des pilules et m’a aidée à guérir. Ces pilules devraient être mises à la disposition des mères partout. »