Les Journées de la santé de l’enfant fournissent des vaccins aux enfants des communautés isolées

Abdi Ibrahim, un barbier somalien, ne connaît que trop bien l’importance de faire vacciner les enfants vulnérables contre les maladies graves : l’an dernier, il a vécu la pire tragédie qu’un père peut vivre lorsqu’il a perdu sa fille Nagat, âgée de deux ans. « Ma fille est tombée malade alors que j’étais en voyage, explique Abdi. Quand je suis revenu chez nous, elle était déjà malade depuis trois jours. Elle faisait de la fièvre et ne mangeait plus, même ses aliments préférés. J’ai essayé de lui faire boire du lait, mais elle vomissait tout. » Malgré tous les efforts désespérés d’Abdi pour la sauver, cinq jours plus tard, Nagat est décédée. Abdi n’avait pas fait vacciner sa fille parce que la clinique était située trop loin. Encore aujourd’hui, il se sent responsable de la mort de son enfant.

La violence dans la capitale somalienne ayant rendu toute vie normale impossible, Abdi et sa famille ont été forcés de fuir leur foyer de Mogadishu dans les années 1990, et se sont alors établis dans le village isolé d’Hayaayabo, au nord-ouest du pays. Abdi, sa femme enceinte et leurs quatre enfants vivent dans une hutte faite de vieux chiffons et survivent grâce au très modeste revenu d’approximativement deux dollars par jour du père. À peine suffisante pour un seul repas quotidien de riz ou de maïs, cette somme ne permet pas à Abdi d’acheter de la viande ni du lait. Depuis des mois, le père tâche d’économiser un peu d’argent dans l’espoir de pouvoir acheter une bâche en plastique pour protéger leur habitation de la pluie. Le village n’a pas accès à des services de soins de santé primaires et le point d’eau le plus proche se trouve à 2,5 kilomètres du village, ce qui rend difficiles les tâches quotidiennes d’hygiène de base.

Depuis la perte de la petite Nagat, Abdi vivait constamment avec la crainte de perdre aussi sa fille Sahra, âgée de 16 mois, à cause d’une maladie semblable évitable. Heureusement, tout cela a changé grâce à la campagne des Journées de la santé de l’enfant, menée grâce à l’appui de l’UNICEF. Elle représente une véritable bouée de sauvetage pour les enfants vulnérables.

Programme conjoint de l’UNICEF et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’initiative donne accès à des services de soins de santé primaires aux personnes des régions mal desservies; ce programme offre aux femmes et aux enfants des interventions vitales gratuites. Les Journées de la santé de l’enfant fournissent non seulement le vaccin contre la rougeole, qui aurait sauvé la vie de Nagat, mais permettent aussi d’immuniser les enfants contre des maladies mortelles comme la poliomyélite, la diphtérie, la coqueluche et le tétanos. La campagne effectue également l’examen de l’état nutritionnel de chaque enfant et offre des suppléments de vitamine A, des sachets de sels de réhydratation orale, ainsi que des comprimés de purification de l’eau. L’initiative cible plus de 1,6 million d’enfants âgés de moins de cinq ans et 1,8 million de femmes en âge de procréer dans toute la Somalie. Son seul objectif : sauver la vie d’enfants.

Pour Sahra, la petite fille d’Abdi qui n’a que deux mois de moins que Nagat quand celle-ci a contracté la rougeole, l’arrivée de l’équipe de la Journée de la santé de l’enfant relevait du miracle. « J’étais tellement heureux d’apprendre que l’équipe allait venir dans notre village, a-t-il déclaré. Je les attendais et j’ai été l’un des premiers à me rendre sur le site pour bénéficier de leurs services. » Grâce à la venue de la campagne à Hayaayabo, Sahra fait maintenant partie des centaines de milliers de Somaliennes et de Somaliens immunisés lors des tournées précédentes des Journées de la santé de l’enfant. Tandis qu’une praticienne de la santé vaccinait la fillette, son père Abdi regardait avec soulagement son enfant recevoir les vaccins qui lui assuraient son droit à la santé et à la sécurité