Mis en ligne : 2020/05/13

NEW YORK/TORONTO, le 13 mai 2020 – Près de 6 000 enfants de plus risquent de mourir chaque jour de maladies évitables au cours des six prochains mois tandis que la pandémie de COVID-19 continue d’affaiblir les systèmes de santé et de perturber les services courants, indique l’UNICEF aujourd’hui. 

Cette estimation s’appuie sur une analyse réalisée par des chercheurs de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health que vient de publier la revue The Lancet Global Health. L’analyse, qui se fonde sur l’issue la plus pessimiste de trois scénarios dans 118 pays à revenu faible et intermédiaire, estime que l’on pourrait enregistrer 1,2 million de décès supplémentaires d’enfants de moins de 5 ans au cours des six prochains mois du fait d’un recul de la couverture des services de santé courants et d’une augmentation de l’émaciation chez les enfants. 

Ces décès potentiels d’enfants viendraient s’ajouter aux décès de 2,5 millions d’enfants de moins de 5 ans déjà enregistrés tous les six mois dans les 118 pays visés par l’étude, menaçant d’annuler près d’une décennie de progrès vers l’élimination des décès évitables d’enfants en bas âge.

« La crise de la COVID-19 est une crise des droits de l’enfant. Les enfants sont moins susceptibles d’être gravement malades, mais il y a plus de risques qu’ils deviennent la face cachée de ce virus, et que leur enfance soit altérée par les effets de la pandémie à court, moyen et long terme. Alors que le monde commence à se relever de la pandémie, c’est le moment ou jamais de défendre les droits des enfants et de jeter les bases pour réimaginer leur enfance », affirme David Morley, président et chef de la direction d’UNICEF Canada. 

Quelque 56 700 décès maternels supplémentaires risquent également de venir s’ajouter au cours des six prochains mois aux 144 000 décès actuellement enregistrés tous les six mois dans ces mêmes pays.

« Si le pire se produit, le nombre de décès d’enfants de moins de 5 ans à travers le monde risque d’augmenter pour la première fois depuis des décennies », indique Henrietta Fore, Directrice générale de l’UNICEF. « Nous ne devons pas laisser les mères et les enfants subir les dommages collatéraux de la lutte contre le virus. De même, nous ne devons pas renoncer aux progrès que nous avons réalisés au cours des dernières décennies pour diminuer les décès infantiles et maternels évitables. »

Dans les pays dont le système de santé est déjà fragile, la COVID-19 perturbe les chaînes d’approvisionnement de fournitures médicales et exerce une pression sur les ressources financières et humaines. Les confinements, les couvre-feux, l’interruption des transports et la crainte permanente des communautés de se faire infecter font baisser les taux de fréquentation des centres de santé. Dans un commentaire figurant dans l’analyse publiée par The Lancet Global Health, l’UNICEF prévient que ces perturbations risquent de provoquer une augmentation catastrophique du nombre de décès infantiles et maternels. 

Les auteurs de l’analyse ont étudié trois scénarios possibles concernant les effets que pourrait avoir une diminution des interventions vitales en raison de la crise sur les décès infantiles et maternels. Dans le scénario le moins pessimiste, qui repose sur une baisse de près de 15 % de la couverture des services de santé, les décès d’enfants de moins de 5 ans augmenteraient de 9,8 %, ce qui représenterait 1 400 décès par jour, et les décès maternels, de 8,3 %. D’après le scénario le plus sombre, qui repose sur une diminution de la couverture de près de 45 %, les décès d’enfants de moins de 5 ans pourraient augmenter de 44,7 % et les décès maternels, de 38,6 % tous les mois. Ces interventions englobent les services de planification familiale, les soins prénatals et postnatals, ainsi que les soins obstétriques, les vaccins et les soins préventifs et curatifs. Les estimations montrent qu’une perturbation des soins de santé courants et une diminution de l’accès à la nourriture, pour quelque raison que ce soit, provoqueraient une augmentation catastrophique des décès infantiles et maternels. La plupart des décès supplémentaires seraient alors dus à une augmentation de la prévalence de l’émaciation chez les enfants (ce qui implique d’autres effets potentiels que ceux du recul de la couverture des systèmes de santé) et à une diminution du traitement de la pneumonie et du sepsis néonatals. 

D’après la modélisation, si la baisse de la couverture des interventions envisagée dans le scénario le plus défavorable venait à se réaliser, le Bangladesh, le Brésil, l’Éthiopie, l’Inde, l’Indonésie, le Nigéria, l’Ouganda, le Pakistan, la République démocratique du Congo et la République-Unie de Tanzanie seraient les dix pays qui enregistreraient le plus grand nombre de décès d’enfants supplémentaires. D’après le scénario le plus pessimiste, Djibouti, l’Eswatini, le Lesotho, le Libéria, le Malawi, le Mali, le Nigéria, le Pakistan, la Sierra Leone et la Somalie sont, quant à eux, les dix pays les plus susceptibles d’enregistrer les taux de surmortalité infantile les plus élevés. Il est donc essentiel d’assurer la continuité des services qui sauvent des vies dans ces pays.

Les estimations concernant l’augmentation potentielle des décès d’enfants de moins de 5 ans et des décès maternels décrites dans l’analyse publiée par la revue The Lancet Global Health ne sont pas la seule source d’inquiétude de l’UNICEF. L’organisation redoute également les autres répercussions de la pandémie sur les enfants :

Cette semaine, l’UNICEF lance #réimaginer, une campagne mondiale visant à empêcher que la pandémie de COVID-19 ne devienne une crise durable pour les enfants, en particulier les plus vulnérables, tels que ceux touchés par la pauvreté, l’exclusion ou les violences familiales. Avec cette campagne, l’UNICEF invite les gouvernements, le public, les donateurs et le secteur privé à s’unir de toute urgence à ses efforts en vue de riposter, de nous relever et de réimaginer notre monde actuellement pris en otage par le coronavirus : 

  • Riposter – Nous devons prendre des mesures immédiates pour endiguer la propagation de la maladie, aider les malades et protéger les professionnels de première ligne qui risquent leur vie pour sauver celle des autres.
  • Nous relever – Même lorsque la pandémie ralentira, chaque pays devra poursuivre ses efforts afin d’atténuer les répercussions de la crise sur les enfants et de réparer les préjudices subis. Les communautés devront également unir leurs efforts, et ce, au-delà des frontières, afin de se reconstruire et d’empêcher un retour de la maladie.
  • Réimaginer – Si nous pouvons tirer un enseignement de la crise liée à la COVID-19, c’est que nos systèmes et nos politiques doivent protéger les populations, et ce, en tout temps, et pas seulement en cas de crise. Alors que nous nous préparons à nous relever de la pandémie, c’est le moment ou jamais de jeter les bases pour rebâtir un monde meilleur.

Pour marquer le lancement de la campagne, deux partenaires importants de l’UNICEF – Pandora et ING – nous ont fait une promesse de don généreuse afin de répondre à notre appel et d’encourager le public à faire de même au cours des prochaines semaines.

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Téléchargez les photos, la bobine b et l’article ici. Consultez les données relatives aux 118 pays visés par l’analyse ici

Pour en apprendre davantage sur la campagne #réimaginer : www.unicef.org/reimagine

Les auteurs de l’analyse ont modélisé la mortalité des mères et des enfants de moins de 5 ans dans 118 pays à revenu faible et intermédiaire à l’aide de Lives Saved Tool (LiST) dans le cadre de trois scénarios. Ces scénarios reposent sur une diminution de la couverture des interventions de santé essentielles en faveur des mères et des enfants de moins de 5 ans allant de 9,8 % à 51,9 % et sur une augmentation de la prévalence de l’émaciation allant de 10 % à 50 %. Les auteurs ont estimé les décès supplémentaires sur un mois et ont extrapolé les résultats sur trois mois, six mois et 12 mois.

Les interventions mentionnées dans l’analyse englobent les services de planification familiale, les soins prénatals et postnatals, ainsi que les soins obstétriques, les vaccins et les soins préventifs et curatifs. Les scénarios modélisés sont hypothétiques et ne s’appuient sur aucune politique concrète ni stratégie d’atténuation. Ils reposent uniquement sur la survenue de perturbations.

À propos de la riposte de l’UNICEF à la COVID-19 en termes de programmation et de plaidoyer

La riposte de l’UNICEF est axée sur un plan d’action en six points qui soutient les gouvernements et exhorte les décideurs politiques à :

  • Protéger la santé et l’état nutritionnel des enfants ;
  • Fournir des services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène aux enfants vulnérables ;
  • Permettre aux enfants de poursuivre leur apprentissage ;
  • Aider les familles à subvenir à leurs besoins et à s’occuper de leurs enfants ;
  • Protéger les enfants contre la violence, l’exploitation et la maltraitance ;
  • Protéger les enfants réfugiés et migrants et ceux affectés par des conflits.
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À propos de l’UNICEF

L’UNICEF est le plus important organisme humanitaire dans le monde axé sur les enfants. Nous travaillons dans les endroits les plus durs du monde pour offrir une protection, des soins de santé, des vaccins, une éducation, des aliments nutritifs, de l’eau potable et des systèmes d’assainissement de l’eau. En tant que membre des Nations Unies, nous sommes présents dans plus de 190 pays et territoires, un rayonnement unique qui nous permet d’être sur le terrain pour aider les enfants les plus défavorisés. Bien que l’UNICEF fasse partie du système des Nations Unies, son travail, qui consiste à sauver des vies, dépend entièrement de contributions volontaires. Visitez unicef.ca et suivez-nous sur Twitter, Instagram et Facebook.

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