« Je me retrouve souvent en train de négocier le montant du loyer de notre maison ou d’aider mon père à trouver du travail », déclare Lamis, 10 ans, qui aide ses parents – tous deux ayant des troubles auditifs et de la parole – à communiquer avec les autres.

Très jeune, Lamis, qui est aussi l’aînée de sa famille, a appris toute seule le langage des signes afin de pouvoir jouer le rôle d’interprète entre ses parents et les autres.

La famille de Lamis est l’une des nombreuses familles syriennes forcées de quitter leur maison à Alep pour fuir la montée de la violence. Lamia et sa famille sont finalement arrivées dans le gouvernorat côtier de Lattakia. « Nous avons déménagé huit fois en huit ans, partageant parfois des petites maisons avec d’autres familles, car nous ne pouvions pas payer seuls le loyer d’une maison », se souvient Lamis.

Après une accalmie des violences à Alep, la famille a décidé de retourner chez elle l’an dernier. Pour rattraper les années d’apprentissage perdues du fait des déplacements, Lamis s’est inscrite au programme Curriculum B soutenu par l’UNICEF. Ce programme est spécialement conçu pour les enfants comme Lamis, qui n’ont pas été scolarisés depuis des années à cause de conflits ou de déplacements forcés, et vise à les aider à rattraper le niveau des élèves de leur âge deux fois plus rapidement, en combinant deux années académiques en une seule. À l’issue de ce programme, les enfants peuvent tôt ou tard réintégrer le système d’éducation officiel.

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[© UNICEF/Syria/2020/Almatar]

Il y a quelques semaines, la famille de Lamis a entendu parler de l’existence d’un programme de bons d’échange électroniques à Alep, soutenu par le PAM et l’UNICEF, visant à aider les enfants vulnérables et leurs familles à supporter leur fardeau financier aggravé par les restrictions liées à la COVID-19 et l’inflation, et à se protéger contre la propagation du coronavirus.

Mise en place par le Programme alimentaire mondial (PAM) à la fin de l’année 2019, cette initiative fournit des bons d’échange électroniques utilisables dans 28 magasins présélectionnés dans le gouvernorat d’Alep, où l’on peut se procurer des fruits et des légumes, des produits laitiers, de la viande et des aliments en conserve.

La récente participation de l’UNICEF permet aux familles d’enfants inscrits au programme Curriculum B d’acheter également des produits de nettoyage et d’hygiène personnelle afin qu’elles puissent se protéger contre le coronavirus.

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[© UNICEF/Syria/2020/Almatar]

« J’accompagne toujours mon père au magasin d’alimentation pour l’aider à communiquer avec les autres. Je me débrouille très bien quand il s’agit de comparer les prix et d’obtenir le meilleur prix possible », confie Lamis.

« Je me sens adulte et j’adore ça! », ajoute-t-elle avec un sourire, en aidant son père à transporter les sacs de courses à la maison. « Maintenant, on peut acheter la nourriture et les produits de nettoyage dont on a vraiment besoin, mais qu’on ne pouvait pas s’offrir [avant] ».

Le PAM et l’UNICEF ont allié leurs forces pour procurer à 30 000 enfants vulnérables d’Alep inscrits au Curriculum B et à leur famille des bons d’échange électroniques mensuels avec lesquels ils peuvent acheter des denrées essentielles, alimentaires ou autres, et ainsi mieux supporter les restrictions liées à la COVID-19.

Les bons d’échange électroniques donnent accès aux familles à plus d’options de produits de première nécessité, tout en maintenant leur dignité et leur liberté de choix. Ces bons contribuent également à soutenir l’économie locale en créant une demande pour les denrées de base.