La migration a été au cœur de nombreux débats dernièrement. Or, pourquoi fait-elle les manchettes? Et qu’est-ce que le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières dont tout le monde parle? Que représente-t-il pour les enfants réfugiés et migrants et pour leurs droits et leur protection? Nous vous présentons ci-après cinq choses que vous devez savoir sur ce qui se passe à Marrakech cette semaine.

Les 10 et 11 décembre 2018, des représentants de pays du monde entier – dont le Canada – se rencontreront à Marrakech, au Maroc, à l’occasion de la Conférence intergouvernementale pour l’adoption du Pacte mondiale sur les migrations. Cet événement est une étape importante vers l’adoption, par différents pays, d’une voie commune pour aborder une réalité toujours grandissante à l’échelle planétaire : la migration. À travers le monde, on estime à 50 millions le nombre d’enfants en déplacement. Plus de la moitié d’entre eux – 28 millions – ont été déracinés en raison de conflits horribles. Le nombre d’enfants réfugiés a grimpé de près de 75 pour cent entre 2010 et 2015. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard que pendant cette même période, 15 conflits ont éclaté ou ont repris leurs ardeurs – de la République arabe syrienne au Soudan du Sud, et du Yémen en Afghanistan.

Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (le « PMM ») est un accord historique qui reconnaît pour la première fois que les enfants sont essentiels à la gestion de l’enjeu que représente la migration. Il vient prouver que le plan d’action en six points mis de l’avant par l’UNICEF est réalisable et offre un cadre qui permettra de lui donner vie. L’UNICEF a participé activement aux 18 mois de négociations qui ont mené à la rédaction du document final – qui est également inspiré de discussions auxquelles ont participé de jeunes migrants.

Cinq choses à savoir sur le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières :

Le PMM est le premier cadre mondial visant à rendre la migration sûre et positive pour tous, y compris pour les enfants.

La migration est une réalité mondiale et aucun pays ne peut gérer cet enjeu seul. Les gouvernements doivent travailler ensemble pour établir des principes qui permettront de concilier les besoins et les intérêts des migrants avec ceux de leur pays d’origine et leur pays de destination. Les principes du PMM portent sur les nombreux aspects de la migration : de la sécurité et du traitement à l’intégration et à la collaboration internationale, aux causes profondes expliquant pourquoi les adultes et les enfants sont déracinés. Ils permettent d’harmoniser des solutions à long terme inclusives avec l’application des normes du travail et des lois, et ce, dans un effort visant à assurer la survie des enfants et la protection de leurs droits.

Les principes du PMM reconnaissent que les enfants sont d’abord et avant tout des enfants, peu importe l’endroit d’où ils viennent.

À l’échelle mondiale, on estime à 50 millions le nombre d’enfants migrants. Des millions d’autres sont touchés par la migration sans même quitter leur foyer, abandonnés par des membres de leur famille qui ont fui le pays ou privés de statut dans leur pays d’origine. Sans créer de nouvelles obligations légales, le PMM guidera les pays à honorer leurs obligations en matière de droits de l’enfant. Les pays signataires de la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies se sont déjà engagés à protéger les droits de tous les enfants, y compris les enfants migrants.

Le PMM contribuera à rendre la migration sûre et à outiller les enfants et les jeunes.

À travers le monde, des millions de familles sont contraintes de fuir leur foyer afin d’échapper à des conflits, à des actes de persécution et à la pauvreté. Qu’ils cherchent à fuir l’oppression ou qu’ils soient à la recherche d’un meilleur avenir, les enfants et les jeunes migrants sont particulièrement vulnérables à la violence, à l’exploitation sexuelle, à l’exclusion sociale et à la discrimination. Les enfants migrants éprouvent également de la difficulté à avoir accès à des soins de santé de base et à de la nourriture, et la plupart d’entre eux n’auront pas accès à une éducation. Ces vulnérabilités auront des répercussions profondes sur leur existence.

Le PMM propose des mesures qui s’attaquent de façon sérieuse à ces vulnérabilités grâce à la mise en œuvre de principes qui tiennent compte des intérêts supérieurs des enfants en tout temps. Cette protection s’étend aux enfants non accompagnés et séparés de leur famille. Toutes les mesures proposées dans le PMM qui concernent les enfants sont pratiques et réalisables. En fait, bon nombre de pays ont déjà commencé à les appliquer.

Voici certains exemples pratiques de ces principes :

  • Garder les familles ensemble et accélérer le processus visant à réunifier les familles.
  • Faire en sorte que ceux traitant avec les enfants migrants – les travailleurs sociaux, la police frontalière, le personnel enseignant, les travailleurs de la santé – soient formés et bien outillés pour défendre les droits des enfants.
  • Veiller à ce que les enfants puissent avoir accès à des services de santé, à de la nourriture et à une éducation et qu’ils soient protégés de la violence et de l’exposition à la violence, sans craindre la détention ou la déportation.
  • Promouvoir les mesures visant à lutter contre la discrimination et le harcèlement vécus par les enfants et les jeunes dans leur pays de destination.

Les principes du PMM favorisent une approche mobilisant l’ensemble de la société qui s’appuie sur le partenariat. Dans cet esprit, la création de possibilités pour les enfants et les jeunes participe à la solution.

La nature même de la migration exige la création de partenariats et d’un esprit de collaboration et nécessite également l’adoption d’une approche axée sur les communautés. Par exemple, les villes sont souvent responsables de répondre aux besoins immédiats des enfants et des familles, notamment les services d’accueil, le logement, l’éducation et les soins de santé. Par conséquent, le PMM insiste sur l’importance de l’établissement de partenariats, tout d’abord à l’échelle communautaire et parmi les dirigeants locaux, les groupes locaux, les diasporas, les parlementaires et la société civile, puis à l’échelle régionale et nationale, pour la mise en commun des ressources et des connaissances. Plus importante encore, le PMM mise sur la participation des communautés de migrants en tant que partenaires indispensables dans la recherche de solutions.

Les enfants et les jeunes ont des points de vue essentiels sur la nature de leurs vulnérabilités. Ils peuvent parler des expériences qu’ils ont vécues et offrir des solutions. Ils sont bien placés pour s’exprimer sur « ce qui fonctionne », ce qui favorise la création de solutions en matière de migration qui « fonctionnent pour tout le monde ». Puisqu’ils représentent la moitié de la population déracinée à l’échelle mondiale, la collaboration des enfants et des jeunes est essentielle et représente une étape cruciale pour faire avancer les choses.

Le PMM est une entente volontaire non contraignante.

Le PMM ne créera pas de nouvelles obligations sur le plan juridique, n’entraînera pas de coûts supplémentaires et ne minera pas la souveraineté nationale des pays signataires. Au contraire, il favorisera la collaboration entre les pays et aidera ceux-ci à honorer leurs obligations en matière de droits de l’enfant. En tant que signataires de la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies, le Canada, tout comme les autres pays, s’est engagé à protéger les droits de TOUS les enfants. De plus, en 2015, tous les pays, y compris le Canada, se sont engagés à respecter le Programme de développement durable à l’horizon 2030 visant à ne pas faire de laissés-pour-compte – y compris les enfants migrants. Les engagements existants sont bien vivants, avec ou sans le Pacte.

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[© UNICEF/UNI181501/Zmey]

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