Pour la première fois depuis des décennies, nous observons un important et constant déclin du nombre d’enfants recevant une vaccination de routine. Ceci est largement imputable aux interruptions dues à la pandémie, mais d’autres facteurs y contribuent également, tels les conflits, les déplacements de population et la désinformation croissante au sujet des vaccins.

Ce recul à l’échelle mondiale entraîne dans son sillage de funestes conséquences. Des millions d’enfants risquent présentement d’être les prochaines victimes de maladies redoutables qui réapparaissent, comme la rougeole et la polio, et qui sont totalement évitables. C’est la mission de l’UNICEF de venir en aide à ces enfants.   

Une petite rivière serpente le village-commune de Sultonobod dans le district de Rudaki, au Tadjikistan.
Une petite rivière serpente le village-commune de Sultonobod dans le district de Rudaki, au Tadjikistan. [© UNICEF/UN0635996/Babajanyan ]

LE TADJIKISTAN FAIT PARTIE DES PAYS OÙ L’UNICEF CONCENTRE SES EFFORTS

Pays montagneux limitrophe de la Chine à l’est et de l’Afghanistan au sud, le Tadjikistan a passé toute une décennie sans qu’aucun cas de polio ne survienne, mais les choses ont basculé au début de 2021 lorsque le premier cas de paralysie causée par la polio a été détecté. Dans les mois qui ont suivi, trente-quatre enfants en étaient affligés et souffraient de paralysie.  

L’UNICEF, en tant que partenaire de l’Initiative mondiale pour l'éradication de la poliomyélite (IMEP), s’est rapidement mis en action. Autant que 4,6 millions de doses de vaccins oraux contre la polio ont été envoyées au Tadjikistan et, en collaboration avec le gouvernement, une vaste campagne d’immunisation a été déployée. Jusqu’ici, l’initiative est venue en aide à environ 1,4 million d’enfants.

Les sœurs jumelles Zuhro et Fotima à leur maison dans le village de Burmai Poyon
Les sœurs jumelles Zuhro et Fotima à leur maison dans le village de Burmai Poyon [© UNICEF/UN0635972/Babajanyan]

Les jumelles de 2 ans Fotima et Zuhro comptent parmi les enfants qui ont bénéficié de la vaccination contre la polio dans le cadre de la campagne d’immunisation. Leur père Namazqul affirme que les liens qui les unissent en tant que jumelles sont tissés serré.

« Elles sont connectées émotionnellement. Si l’une fait de la fièvre, l’autre en fait aussi. Si l’une pleure, l’autre pleure aussi », explique-t-il.

 

Papa Namazqul tient ses deux filles dans ses bras à l’extérieur de leur maison.
Papa Namazqul tient ses deux filles dans ses bras à l’extérieur de leur maison. [© UNICEF/UN0635951/Babajanyan]

Fotima et Zuhro ont reçu leur première dose de vaccin contre la polio alors qu’elles étaient âgées de moins d’un mois, et elles sont maintenant pleinement protégées.

« La santé de nos enfants est une priorité pour nous et, bien entendu, l’accès aux vaccins est important, insiste leur mère Rahima. Malgré la COVID-19, elles ont reçu tous leurs vaccins à temps. »

Les jumelles Magfirat et Marifat jouent à l’extérieur de leur maison dans le district de Vahdat au Tadjikistan.
Les jumelles Magfirat et Marifat jouent à l’extérieur de leur maison dans le district de Vahdat au Tadjikistan. [© UNICEF/UN0636016/Babajanyan]

UNE DEUXIÈME PAIRE DE JUMELLES EST PROTÉGÉE

Fotima et Zuhro ne sont pas les seules jumelles vaccinées contre la polio. Les jumelles Magfirat et Marifat, six ans, le sont aussi. Dans leurs robes identiques, animées par la même passion pour les efforts créatifs, défions quiconque de dire laquelle est laquelle.   

Magfirat et Marifat sont photographiées avec leur grand-mère, Shamsiya Muzafarova.
Magfirat et Marifat sont photographiées avec leur grand-mère, Shamsiya Muzafarova. [© UNICEF/UN0636057/Babajanyan]

« Nous adorons aller à l’école et la chose que nous aimons le plus quand on est là, c’est d’apprendre des poèmes par cœur, et aussi dessiner », dit Magfirat.

Leur grand-mère Shamsiya a 41 petits-enfants. Voir à ce qu’ils soient tous protégés est sa principale préoccupation. « Je recommande à mes enfants, à mes belles-filles, à tous les membres de la famille de se faire vacciner, parce que c’est sécuritaire. Leur santé me tient à cœur », déclare-t-elle. 

Fotima Burizoda, 3 mois, se fait vacciner au Centre de santé Douchanbé.
Fotima Burizoda, 3 mois, se fait vacciner au Centre de santé Douchanbé. [© UNICEF/UN0635910/Babajanyan]

LES CENTRES DE SANTÉ COMMUNAUTAIRES ET LEURS PROFESSIONNELLES ET PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ ONT PILOTÉ L’INITIATIVE DE VACCINATION

Les centres de santé communautaires du Tadjikistan ont joué un rôle clé dans l’augmentation des taux de vaccination chez les enfants au pays.  

Cela comprend le Centre de santé Douchanbé, situé près de la rivière Varzob qui traverse la capitale du pays, Douchanbé.  

 

Muso Ahliddinzoda, 6 ans, se fait vacciner en compagnie de son père au Centre de santé Douchanbé.
Muso Ahliddinzoda, 6 ans, se fait vacciner en compagnie de son père au Centre de santé Douchanbé. [© UNICEF/UN0635915/Babajanyan]

L’infirmière Fotima Qalandarova, qui travaille au Centre, a été particulièrement occupée ces derniers temps.  « Nous avons vacciné tant des adultes que des enfants, dit-elle. Lorsque la pandémie a commencé, beaucoup de parents hésitaient à emmener leurs enfants, mais maintenant, c’est revenu à la normale. »  

Bobojon Valiev, qui est âgé de 2 mois, reçoit son vaccin au Centre de santé Douchanbé
Bobojon Valiev, qui est âgé de 2 mois, reçoit son vaccin au Centre de santé Douchanbé [© UNICEF/UN0635898/Babajanyan]

Bobojon, âgé de 2 mois, compte parmi ses patients. Celui-ci reçoit sa deuxième dose du vaccin contre la polio, ce qui rassure grandement sa maman.

« C’est très important d’être vacciné. J’ai deux autres enfants et ils sont tous deux vaccinés. Ils ont reçu tous les vaccins, tient-elle à préciser. Parfois les enfants font de la fièvre après le vaccin, mais je ne m’arrête pas à ça, car je sais que c’est très important. »

LE DÉFI QUI S’EST AJOUTÉ AVEC LA PANDÉMIE DE COVID-19

Devant la menace de la COVID-19, les membres du personnel de la santé du Centre de santé Douchanbé ont dû repenser leurs façons de faire pour que les soins prodigués soient sécuritaires pour tous.

« Durant la pandémie, nous avons divisé la clinique en deux sections, dit Sayohat Mamadjonova, professionnelle de la santé. Nous avons créé une zone rouge pour nos patients qui se présentaient à la clinique de vaccination avec une fièvre ou des symptômes de COVID-19, et une autre zone pour ceux qui n’avaient pas de symptômes. Ils étaient vaccinés dans des espaces séparés. »

Sayohat Mamadjonova, professionnelle de la santé, s’affaire à son bureau au Centre de santé Douchanbé.
Sayohat Mamadjonova, professionnelle de la santé, s’affaire à son bureau au Centre de santé Douchanbé. [© UNICEF/UN0635927/Babajanyan]

Tout en composant avec la menace d’une éclosion de poliomyélite, ces professionnelles et professionnels de la santé devaient surmonter les incroyables défis que posait la pandémie.    

« On ne l’a pas eu facile avec la pandémie, mais quand les vaccins contre la COVID-19 sont devenus disponibles, j’étais vraiment soulagée. Cela nous a donné l’espoir que la vie suive son cours, que ce ne serait pas aussi difficile qu’au début », soutient madame Mamadjonova.

Le Navruz, qui marque le début du printemps, donne lieu à des célébrations dans une école du village de Burmai Poyon.
Le Navruz, qui marque le début du printemps, donne lieu à des célébrations dans une école du village de Burmai Poyon. [© UNICEF/UN0636063/Babajanyan]

LES RÉSULTATS DE LA CAMPAGNE DE VACCINATION AU TADJIKISTAN SONT CLAIRS

Grâce au travail persévérant de ces professionnelles et professionnels de la santé, à la détermination de tant d’aidants familiaux de faire vacciner leurs enfants, et aux efforts de l’UNICEF, jumelés à ceux de ses partenaires et du gouvernement du Tadjikistan, l’avenir paraît maintenant plus reluisant. En avril 2022, l’Organisation mondiale de la santé a déclaré que le poliovirus ne circulait plus dans le pays.