Par Karel, âgé de 17 ans, Ontario

Je suis un fier homme noir neurodivergent et je pense que j’ai de la chance d’avoir grandi comme je l’ai fait. J’ai vu et entendu tant de personnes et de points de vue, et je suis né et j’ai grandi au Canada, qui s’enorgueillit de son multiculturalisme. J’ai vécu ma vie en fonction de ma propre perspective, mais je comprends toujours que tant d’autres personnes la perçoivent en fonction de leurs propres points de vue, quels qu’ils puissent être.

Quand j’étais petit, je ne remarquais pas ce multiculturalisme. Lorsque je suis rentré à la maison et que j’ai dit à mes parents que je n’avais aucun camarade de classe noir, ce n’était pas quelque chose qui m’intéressait en deuxième année. Comme je l’ai déjà dit, je pense que cela fait partie de ce qui a fait de moi la personne que je suis aujourd’hui.

Mes parents ont pourtant vécu des vies différentes. La famille de ma mère est venue de la Barbade et de Trinité, tandis que mon père est venu de la Jamaïque à Toronto alors qu’il n’avait que 9 ans. Mes parents ont tous deux subi leur part de racisme lorsqu’ils étaient plus jeunes, ce qu’ils ont essayé de m’épargner. J’avais beaucoup d’amis et de cousins noirs dans ma famille et, même si j’étais peut-être seul à l’école, je n’ai jamais eu l’impression d’être le seul à me ressembler.

Même maintenant que je suis plus âgé, ce genre de monde n’a pas changé. Les personnes qui me ressemblent ne sont toujours pas très présentes ou représentées dans les médias que je regarde ou parmi les amis que je fréquente. J’ai déjà été l’objet de commentaires racistes, qu’ils aient été faits en plaisantant ou non. Je pense que la pire rencontre que j’ai faite est aussi l’une des plus inquiétantes. Lorsque j’étais à peu près en sixième année, j’ai rendu visite à mes cousins à Toronto, et nous sommes allés voir un match de hockey. Mon frère et moi sommes allés chercher de quoi manger et commander des frites à un stand à la mi-temps. Dans la zone de restauration, nous avons rencontré deux très jeunes enfants, peut-être âgés de 7 ou 8 ans. Ils nous ont regardés et ont dit, sans y être invités, ajouterais-je, « Vous n’avez pas à venir nous embêter. Vous avez l’air dégoûtant, votre peau ressemble à du caca ».

À l’époque, c’était amusant. Ces gamins étaient venus vers nous et avaient utilisé le mot caca; pourquoi cela ne serait-il pas drôle pour un élève de sixième? Aujourd’hui, j’aurais aimé dire quelque chose. Peut-être pas à ces enfants, mais j’aurais aimé trouver leurs parents et leur parler. Si ces enfants me percevaient comme dégoûtant à un si jeune âge, je me dis à quel point il serait facile qu’une véritable haine s’enracine.

Je ne sais pas si cette expérience a vraiment changé ma perception de moi-même. J’ai peur de m’entourer de personnes qui ne me ressemblent pas pour me sentir plus en sécurité. Je dis que je suis un fier homme noir, mais j’ai beaucoup de travail à faire pour être honnête à ce sujet. Mais je suis fier de mon frère. Je suis fier de mes parents qui m’ont permis de grandir dans un monde un peu plus tolérant. Je suis fier de tous mes amis qui m’ont aidé à continuer de créer ce monde. Je suis fier du monde dans lequel je suis et j’ai hâte de continuer à le rendre meilleur.