Allocution de la directrice générale de l’UNICEF, Catherine Russell, lors de l’appel de l’UNICEF à l’Action humanitaire pour les enfants

ADEN, Yémen, GENÈVE/NEW YORK, 5 décembre 2022 – « Vos excellences, chers partenaires, amis et alliés de l’UNICEF, nous vous remercions de votre présence aujourd’hui pour lancer notre appel à l’Action humanitaire pour les enfants 2023.

Je me suis rendue, plus tôt cette année, en Ituri, dans l’est de la République démocratique du Congo, une province durement éprouvée par les conflits et les attaques perpétrées contre les civils. J’ai visité un camp abritant des personnes déplacées en raison de la violence.

Parmi les 36 000 enfants en quête d’un refuge sécuritaire se trouvait un jeune garçon de 14 ans nommé Blukwa. Quelques mois auparavant, Blukwa avait esquivé la mort de justesse lors d’un massacre de civils dans un village voisin. Pendant le carnage, Blukwa a été témoin de la décapitation de son meilleur ami – une atrocité telle que Blukwa aurait voulu mourir lui aussi.

Au moment où j’ai fait sa rencontre, Blukwa faisait face à un avenir incertain – déraciné de chez lui, profondément traumatisé et en partie privé d’une alimentation adéquate, de soins et de services essentiels.

Aucun enfant ne devrait avoir à vivre de telles tragédies ni souffrir de traumatismes et de carences aiguës. Pourtant, depuis la Seconde Guerre mondiale, il n’y a jamais eu autant d’enfants qui dépendent de l’aide humanitaire que maintenant. Partout sur la planète, ils subissent une combinaison de crises – de la violence aux déplacements en passant par des éclosions de maladies infectieuses et des risques croissants de malnutrition.

À cela s’ajoute le dérèglement climatique qui aggrave ces crises et en provoque de nouvelles. En cette seule année, une série de cataclysmes se sont abattus dans le monde, dont les inondations dévastatrices au Pakistan, la sécheresse historique au Sahel et dans la Corne de

l’Afrique, et des vagues de chaleur accablantes dans des régions de l’Europe, au Moyen-Orient et en Amérique du Nord.

Ce sont les enfants qui en portent le plus lourd fardeau, et qui, par millions, luttent pour survivre.

Les chiffres sont profondément troublants.

• Plus de 400 millions d’enfants vivent dans des régions en proie aux conflits.
• Environ un milliard d’enfants – soit près de la moitié des enfants du monde – habitent des pays extrêmement vulnérables aux impacts des changements climatiques.
• Au moins 36,5 millions d’enfants ont dû abandonner leur foyer et sont déplacés – un record de tous les temps.
• Huit millions d’enfants de moins de cinq ans dans 15 pays en crise risquent de mourir d’émaciation sévère.

Nous devons aussi considérer que les urgences humanitaires ne s’arrêtent pas aux frontières des États. Les conflits et les crises qui ravagent une partie de la planète peuvent avoir des répercussions sur la vie de milliers d’enfants ailleurs dans le monde.

Cela dit, la situation n’est pas sans espoir. Nous savons comment rejoindre les enfants les plus exposés aux risques et les plus vulnérables. Grâce à votre soutien, chers partenaires, nous avons pu relever le défi auparavant. Nous pouvons, et devons, le faire à nouveau.

De l’Afghanistan à la Somalie et du Sahel au Yémen – l’UNICEF est sur le terrain partout dans le monde pour offrir aux enfants l’assistance vitale dont ils ont besoin lors d’urgences humanitaires. Nous renforçons les systèmes essentiels à leur survie, comme ceux des soins de santé, de la protection, de l’eau et de l’assainissement – afin de rendre ces systèmes plus résilients aux chocs climatiques. Et nous travaillons à anticiper les crises afin d’être mieux préparés à répondre aux besoins des enfants au fil des urgences.

Cependant, pour pouvoir fournir cette assistance, il est crucial que l’UNICEF et ses partenaires de mise en œuvre reçoivent le soutien adéquat. Du financement en temps opportun, prévisible et souple nous permet de réagir rapidement et de prévoir les risques à l’horizon. Cela nous aide aussi à veiller à ce que nos actions humanitaires s’appuient sur des besoins.

Selon Nelson Mandela : « Il ne peut y avoir plus vive révélation de l’âme d’une société que la manière dont elle traite ses enfants. » Je pense que cela est vrai – surtout maintenant que nous anticipons les défis qui se profilent à l’aube de la nouvelle année. La communauté internationale doit faire un choix et ce choix est clair. Nous devons choisir d’aider les enfants à surmonter les obstacles d’un monde en crise.

En travaillant ensemble, nous pouvons atteindre les enfants les plus vulnérables, ceux souffrant de malnutrition en raison de la sécheresse, ceux exposés au choléra et à d’autres maladies infectieuses, ceux contraints de traverser seuls des frontières et ceux en détresse, comme Blukwa, vivant dans des zones de conflits.

Nous pouvons intervenir dans les crises existantes et aider les collectivités à mieux se parer à celles à venir. J’espère que vous répondrez à l’appel humanitaire de l’UNICEF et que vous nous aiderez à concrétiser cette ambition au profit de chaque enfant. »

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