Mis en ligne : 2025/10/14

Genève, 14 octobre 2025 – « À l’heure actuelle, dans les camps de réfugiés de Cox’s Bazar, au Bangladesh, la crise financière menace de réduire à néant des années de progrès accomplis pour les enfants rohingyas. Je m’y suis rendue la semaine dernière et j’ai été consternée de voir des salles de classe fermer, des services réduire leurs activités et l’avenir de centaines de milliers d’enfants suspendu à un fil.

Sur le terrain, j’ai pu constater à quel point l’insuffisance du financement mondial affecte les enfants. L’UNICEF et ses partenaires font tout leur possible pour optimiser chaque dollar, mais nos marges de manœuvre s’amenuisent. L’éducation, l’eau, l’assainissement et l’hygiène sont parmi les secteurs les plus durement touchés.

Les services de protection destinés aux femmes et aux enfants dans le plus grand camp de réfugiés au monde sont interrompus, alors même que les risques augmentent. Les données les plus récentes révèlent une réalité alarmante : 685 cas de recrutement d’enfants par des groupes armés ont été signalés cette année – soit plus de cinq fois le total enregistré pour l’année 2024. Et 2025 n’est pas terminée.

Tout porte à croire que la situation sera encore plus grave l’année prochaine. L’ensemble de la réponse humanitaire en faveur des Rohingyas fera face à ce que nous appelons un « précipice financier » au début de l’année 2026, les projections les plus pessimistes suggérant que les contributions, déjà insuffisantes, pourraient diminuer de moitié. Même si des mesures de rationalisation et d’optimisation visant à améliorer notre efficacité – notamment via l’intégration des programmes et la relocalisation – permettent d’économiser des dizaines de millions de dollars, aucune mesure d’économie ne pourra compenser une telle chute des financements.

Dans les camps, les structures d’apprentissage pour les enfants de maternelle et de première année restent fermées, privant les plus jeunes d’éducation. En parallèle, les centres de formation professionnelle pour les adolescents ferment leurs portes, les exposant davantage au recrutement, à l’exploitation et à une insécurité croissante.

Ces chiffres ne sont pas abstraits : ils sont le signal d’alarme d’une crise imminente. Une réponse plus efficiente, aussi nécessaire soit-elle, ne peut remplacer les ressources indispensables pour maintenir des services vitaux.

Dans les camps, j’ai rencontré Salma, 14 ans, l’une des trois seules filles de sa classe de dix-huit élèves. Elle m’a confié sa fierté de pouvoir enfin suivre le programme scolaire du Myanmar, ce que sa famille pensait autrefois impossible. Ce progrès est le fruit d’années de dialogue et de renforcement de la confiance au sein des communautés, mais il est aujourd’hui menacé.

Confrontés à des choix impossibles, l’UNICEF et ses partenaires ont donné la priorité à la réouverture des classes pour les adolescents comme Salma, tant pour leur éducation que pour leur protection. Lorsque les adolescents n’ont aucun endroit sûr où aller, ils se retrouvent exposés à des risques accrus de travail des enfants, de mariage précoce et d’exploitation.

La semaine dernière, nous avons pu rouvrir certaines classes pour les plus jeunes – un moment d’espoir. Mais les salles de maternelle et de première année demeurent fermées, et nous ignorons si nous pourrons maintenir les programmes actuels l’année prochaine. Pour des enfants déjà déracinés, privés de leurs foyers, de leurs amis et d’un semblant de normalité, cette incertitude est dévastatrice.

Mohammad, 15 ans, m’a raconté que lorsque son école a fermé, il a cru qu’elle ne rouvrirait jamais. Il est resté à la maison pour aider ses parents âgés et s’occuper de ses frères et sœurs. “Chaque matin, je regarde d’autres enfants partir à l’école et j’ai l’impression que mon enfance est terminée”, m’a-t-il dit.

Partout dans les camps, les familles partagent ce même désespoir. Des mères rencontrées dans les centres de nutrition soutenus par l’UNICEF ont fait état d’une réduction de l’aide alimentaire, d’une pénurie de savon et d’eau potable. Les maladies infantiles augmentent, tout comme la malnutrition. Le taux de malnutrition aiguë sévère chez les enfants atteint désormais son niveau le plus élevé depuis le pic de la crise en 2017.

Il ne s’agit pas seulement d’une urgence éducative. C’est une crise de protection et de survie pour les enfants. C’est une mise à l’épreuve de notre volonté collective. Sans financement prévisible et flexible, nous verrons davantage d’enfants déscolarisés et malnutris, davantage de filles mariées trop tôt, davantage de jeunes perdre espoir en l’avenir.

L’UNICEF reste présent dans les camps, et continuera à agir. Mais notre capacité à le faire dépend entièrement des contributions volontaires. Je quitte le Bangladesh plus convaincue que jamais : même si leur situation ne fait plus la une de l’actualité, nous devons aux enfants rohingyas de maintenir l’attention du monde sur leur sort. Merci. »

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À propos de l’UNICEF

L’UNICEF est le plus important organisme humanitaire dans le monde axé sur les enfants. Nous travaillons dans les endroits les plus durs du monde pour offrir une protection, des soins de santé, des vaccins, une éducation, des aliments nutritifs, de l’eau potable et des systèmes d’assainissement de l’eau. En tant que membre des Nations Unies, nous sommes présents dans plus de 190 pays et territoires, un rayonnement unique qui nous permet d’être sur le terrain pour aider les enfants les plus défavorisés. Bien que l’UNICEF fasse partie du système des Nations Unies, son travail, qui consiste à sauver des vies, dépend entièrement de contributions volontaires. Visitez unicef.ca et suivez-nous sur Twitter, Instagram et Facebook.

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