Tout en fredonnant son morceau préféré de l’artiste Bhupen Hazarika, Tarali Das traverse les « lignes de main-d’œuvre », nom habituellement donné aux zones où habitent les cultivateurs de thé, sur la plantation de thé de Dholla dans le district de Tinsukia du Haut-Assam, au Nord-Est de l’Inde.

« Je cherche à concilier mes pensées et mes actions avec cette chanson. Je sais que les choses ne sont pas roses à l’extérieur à cause de la COVID-19 et que nous devons tous rester à la maison pour notre propre sécurité et celle des autres. Mais comment puis-je rester les bras croisés alors que les personnes de ma communauté ont faim et attendent que je les aide à trouver à manger pour eux et leurs enfants », dit Tarali.

Forte de ses dizaines d’années d’expérience en tant que travailleuse anganwadi (éducatrice de la petite enfance), Tarali supervise aujourd’hui le Katapung Line Anganwadi Centre (garderie préscolaire), qui dessert les adultes et les 645 enfants vivant sur la plantation de thé.

Depuis que le confinement a été imposé en raison de la COVID-19, la situation des ouvriers journaliers de la plantation de thé s’est détériorée.

« Les travailleurs de l’industrie du thé ont été touchés tout comme les autres ouvriers journaliers. Ne pas travailler peut signifier se coucher le ventre vide », dit Tarali.

Cela aurait pu aussi laisser supposer que des millions d’enfants auraient également le ventre vide, car les centres anganwadi, fermés à cause de la COVID-19, sont des endroits où les enfants reçoivent quotidiennement du gouvernement de la nourriture et des nutriments adaptés à leur âge.

Cependant, la fermeture du centre anganwadi lié au confinement n’a pas empêché Tarali de fournir des repas aux 43 enfants âgés de six mois à un an, qu’elle avait l’habitude de voir tous les jours au centre. Tarali et son équipe ont décidé d’amener le centre anganwadi directement aux familles, chez elles. 

Alors qu’elle marche le long d’un chemin non pavé à travers la plantation de thé verdoyante, et va d’une maison à l’autre, Tarali se concentre sur sa mission. Elle veut que tout le monde sache que les services essentiels sont toujours offerts et qu’il est possible de faire certaines choses pour rester en sécurité, comme se laver les mains avec du savon. Elle veut également s’assurer que les services courants, comme l'immunisation et la nutrition, restent au premier plan dans l’esprit des parents, pour qu’une fois le confinement terminé, ces parents puissent faire passer à leurs enfants des examens de santé réguliers pour surveiller leur développement.

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Tarali (à droite), superviseure d’anganwadi, visite toutes les familles de la plantation de thé de Dholla, accompagnée de Promilla Rajput, assistante au centre anganwadi [© UNICEF/UNI331431/Tossa]

Tarali arrive à la prochaine maison sur sa liste, accompagnée de son assistante, Promilla Rajput, qui transporte le repas habituel de l’anganwadi. Il ne s’agit pas d’un repas chaud pour la mère et l’enfant, mais plutôt d’aliments emballés prêts à cuire ou de portions pour consommation à la maison. 

 « Nous sommes heureux que le gouvernement prenne soin de nous et de nos enfants par l’entremise du centre anganwadi et de ses employés. Nous avons reçu du riz, du daal (lentilles), de l’huile et des pois secs », dit Jiten Nayak dont la fille ce cinq ans fréquente habituellement le centre anganwadi.

« Tarali Didi (marque de respect) nous a également parlé des mesures d'hygiène à suivre pendant la pandémie. Comme nous sommes en pleine saison d'encéphalite japonaise et de diarrhée, elle nous a également expliqué quels étaient les symptômes à surveiller nous-mêmes à la maison; elle nous a aussi recommandé d'appeler un médecin si la situation se détériorait et de l’aviser de tout problème de santé, lors de sa prochaine visite », dit Jiten.

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Pendant que l’anganwadi est fermé, des aliments secs sont livrés aux familles, et on leur donne des conseils sur la façon de rester en bonne santé et en sécurité. [© UNICEF/UNI331436/Tossa]

Jusqu’à présent, il n’y a eu aucun cas de COVID-19 sur la plantation de thé où habite et travaille Tarali. L’équipe de gestion de la plantation de thé de Dholla a joué un rôle essentiel à cet égard. Pendant le confinement, elle a, en effet, veillé à ce que tous les ménages aient une quantité suffisante de rations et elle a en permanence sensibilisé la population aux mesures sanitaires et aux bonnes pratiques d'hygiène. La plupart des travailleurs de la plantation sont retournés travailler le 12 avril 2020. Ils se conforment aux pratiques de distanciation physique et on leur rappelle qu’il faut suivre les bonnes pratiques inculquées, comme le port du masque et le lavage de mains avec du savon.

La plantation de thé de Dholla est l’une des rares plantations de l’Assam qui a préparé une unité de quarantaine pour les personnes qui sont allées dans d’autres villes et qui reviennent à la plantation.

« Cela aidera à interrompre le cycle de transmission et permettra à l’équipe de gestion de faire le suivi s’il y a des cas de transmission soupçonnés », dit Tarali.

Si tout fonctionne tel que prévu, les enfants joueront et apprendront bientôt tous ensemble sous la surveillance attentive des travailleurs de l’anganwadi, comme Tarali, mais d’ici là, tant que nous aurons des travailleurs de première ligne comme Tarali, passée d’éducatrice de la petite enfance à combattante de la COVID-19 porte-à-porte, il y aura de l’espoir pour chaque enfant.

Soutien de l’Ethical Tea Partnership

L’UNICEF joue, depuis 2010, un rôle essentiel pour garantir le bien-être des femmes et des enfants qui vivent sur les plantations de thé. Avec le soutien de l’Ethical Tea Partnership, l’UNICEF s’est également engagé avec les gestionnaires de plantations de thé et les équipes chargées du bien-être des enfants, à mettre en œuvre des programmes sur place pour chaque enfant, et à souligner l’importance d’une conduite responsable de la part des entreprises pour établir des modèles d’affaires durables. 


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