Toutes les 21 minutes, un nouveau-né meurt du tétanos. Généralement contractée en raison de mauvaises conditions sanitaires lors de l’accouchement et lors du maniement du cordon ombilical, cette maladie touche les mères et les nouveau-nés issus des populations les plus pauvres et vivant dans les endroits les plus reculés de la planète.

Les nouveau-nés qui sont infectés par le tétanos pendant ou après l’accouchement meurent dans d’atroces souffrances.

Le tétanos s’attrape lors d’une exposition aux spores de la bactérie Clostridium tetani, que l’on retrouve couramment dans la terre. Les mères qui n’ont pas été vaccinées contre le tétanos et qui accouchent en dehors de l’environnement hygiénique des établissements de santé sont les plus exposées. Les nourrissons qui sont infectés pendant ou juste après l’accouchement meurent dans d’atroces souffrances.

Fort heureusement, le tétanos est étonnamment facile à prévenir grâce à la vaccination et au respect de certaines mesures d’hygiène lors de l’accouchement. Après trois injections, la femme est immunisée, puis transmet automatiquement cette immunité à ses futurs enfants.

Depuis 1999, l’UNICEF et ses partenaires s’efforcent d’éliminer le tétanos maternel et néonatal (TMN) à travers le monde, et ils ont vacciné 154 millions de femmes dans 53 pays. À ce jour, le TMN a été éliminé dans 47 pays, ce qui ne laisse que 12 pays à risque : l’Afghanistan, l’Angola, la République centrafricaine, la Guinée, le Mali, le Nigeria, le Pakistan, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud et le Yémen.

De 2015 à 2019, UNICEF Canada, le gouvernement du Canada et la Fondation canadienne du Kiwanis ont aidé à vacciner plus de 9,6 millions de femmes et de filles contre le tétanos au Pakistan, au Tchad, au Kenya, au Soudan du Sud et au Soudan. De plus, grâce à des fonds canadiens, plus de 46 000 travailleurs de la santé – dont plus de la moitié sont des femmes – ont été formés pour fournir des services essentiels aux femmes et aux enfants.

Sauver des vies au Pakistan

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[© UNICEF Pakistan]

Au Pakistan, les travailleurs de la santé parcourent de longues distances pour éduquer les familles vivant dans des villages isolés sur les avantages primordiaux de la vaccination.
Jameela, agente de santé dans le district de Kambar, au Pakistan, explique que le travail est difficile, mais gratifiant. « Je me sens privilégiée de servir ma communauté depuis tant d’années. Bien que ma région doive faire face à de nombreux défis, il est satisfaisant de fournir des vaccins sûrs et efficaces, qui d’habitude sont inaccessibles, aux femmes et aux enfants ».

Il est très difficile pour les femmes des zones rurales du Pakistan de se rendre dans les centres de vaccination. « Le comté de Ranwati compte environ 52 villages et 41 000 personnes », indique Jameela. « Le village de Peer Jo Goth est loin de tout centre de santé, et la communauté est réticente à se rendre dans des régions extérieures pour obtenir des services de santé. Cela a grandement limité l’accès de notre communauté aux vaccins. »

Un accueil chaleureux

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[© UNICEF Pakistan]

Afin de vacciner toutes les femmes en âge de procréer contre le tétanos dans le district de Kambar, une équipe de travailleuses de la santé a mis sur pied une campagne de sensibilisation spéciale. Elles ont organisé toutes les activités de préparation, de micro-planification et d’engagement communautaire pour la campagne, et ont encouragé les communautés à se rendre aux points de services. 

Même si certaines communautés ont fait preuve d’une certaine réticence face à la vaccination, les agentes de santé locales ont été bien accueillies dans de nombreux villages.

Les agentes de santé locales s’efforcent de gagner la confiance des populations et les sensibilisent en les informant sur la manière dont la vaccination permet de sauver des vies.

« Une fois la campagne lancée, nous commencions avant l’aube pour nous préparer aux nouveaux défis du jour », souligne Shamul, l’une des personnes agissant à titre d’agent de santé. « Nous commencions par assister à une séance d’orientation et d’information sur les besoins et les défis concernant la vaccination dans le village. Puis, on nous remettait des fiches de contrôle, des vaccins et d’autres fournitures. Il existe de nombreux enjeux et obstacles dans la communauté.

« Pour nous, les femmes, il n’y avait souvent pas d’itinéraire sûr à suivre pour se rendre dans certaines communautés. Mais malgré cela, nous avons visité chacune d’entre elles et avons été accueillies chaleureusement, notamment par des familles nous offrant des rafraîchissements traditionnels. C’est grâce à ces interactions que nous avons pu bâtir des liens avec les familles locales, créant ainsi un pont entre nos nombreuses communautés. »

Élimination du TMN

Afin de réussir à éliminer le tétanos néonatal, un pays doit certifier qu’il y a moins d’un décès dû au tétanos néonatal pour 1 000 nouveau-nés dans chaque district du pays. La province du Pendjab au Pakistan, qui accueille plus de 50 % de la population, a déjà déclaré avoir éliminé le TMN. La province du Sindh sera probablement la prochaine à obtenir cette certification. 

« Ayant été témoin de nombreux cas de tétanos néonatal et avoir vu à quel point cette maladie est terrible, j’ai une certaine inquiétude pour tous ceux qui ne sont pas encore vaccinés », déclare Shamul. « Je me sens responsable de fournir des services de base à toute notre communauté. J’enregistre chaque femme enceinte et je parle à chacune d’elle de l’importance des soins prénataux et de la vaccination contre le tétanos. Je m’efforce également de faire vacciner contre le tétanos toutes les femmes en âge de procréer, et non pas seulement les femmes enceintes, afin que nous puissions sauver nos femmes et nos enfants de cette maladie mortelle. »

En plus d’empêcher les nouveau-nés de mourir du TMN, les agentes de santé communautaire formées par l’UNICEF, comme Shamul, sont maintenant mieux équipées pour jouer un rôle de premier plan au cours des campagnes de vaccination à venir contre la COVID-19, et pour assurer la poursuite des programmes de vaccination de routine pendant la pandémie.