Qu’est-ce que l’avenir nous réserve?

Ensemble, nous avons réussi à aplanir la courbe et à produire le résultat escompté : nos hôpitaux n’ont pas été débordés et nos unités de soins intensifs n'ont pas encore atteint leur capacité maximale. Il est sûr que la tragédie qui touche nos établissements de soins de longue durée est un triste et brutal exemple des ravages que ce virus peut causer aux personnes et aux familles. Dans l’ensemble, cependant, les mesures de lavage des mains et de distanciation sociale qui ont été mises en place fonctionnent.

Il est clair toutefois que nous pouvons accomplir ces gestes simples et salvateurs parce que nous avons accès à de l’eau courante, que nous avons un endroit où vivre et que nous disposons de suffisamment d’espace pour nous tenir à distance en toute sécurité. Mais qu’arrivera-t-il au fur et à mesure que le virus s’implantera dans le sud? Je repense aux endroits que j’ai eu la chance de visiter – Bacongo à Brazzaville, Desamparados à San José, d’où sont originaires de nombreux enfants du Pueblito, ou encore Cox’s Bazar au Bangladesh, qui accueille aujourd’hui des centaines de milliers de réfugiés rohingyas – ces communautés où les gens vivent côte à côte, entassés dans de minuscules maisons sur des chemins boueux et sinueux. Comment ces gens pourront-ils pratiquer la distanciation sociale?

Non seulement ces gens vivent à proximité les uns des autres, mais ils n’ont pas d’autre choix que de se côtoyer de près quotidiennement au travail pour pouvoir manger le soir.

De plus, comme nous le savons, le lavage des mains constitue le premier moyen de défense indispensable dans la lutte contre le virus. Or, comment ceux qui n’ont pas accès à de l’eau courante peuvent-ils respecter cette mesure? Ceux qui vivent dans un village rural peuvent avoir accès à de l’eau provenant d’un point d’eau relativement peu éloigné, mais une fois que l’eau de la pompe du village a été recueillie puis ramenée à la maison, comment cette eau peut-elle être utilisée de façon optimale? Pour la cuisine? Pour boire? Pour nettoyer les vêtements? Pour se laver les mains? D’ailleurs, comment adopter de saines pratiques de lavage des mains en l’absence d’eau courante?

Nous formons des travailleurs de première ligne afin qu’ils puissent répondre à ce genre de questions et informer les populations sur la façon dont le virus se propage. En effet, dans les pays où les tests, les respirateurs ou les lits en soins intensifs sont insuffisants, la prévention est la meilleure façon de ralentir la pandémie.

Et nous devons la ralentir. Nous pouvons être contents que les enfants soient épargnés par les pires effets du virus, mais ils risquent par contre d’en être les plus grandes victimes à long terme. Nous constatons déjà l’arrêt des programmes de vaccination de routine alors que la vaccination a pourtant permis de réduire de moitié le taux de mortalité infantile dans le monde au cours des trente dernières années. À mesure que l’économie ralentira dans le monde entier, l’extrême pauvreté s’accroîtra de façon dramatique, et on s’attend à ce que la moitié des personnes qui basculeront dans la pauvreté soient des enfants.

De plus, à l’heure actuelle, plus d’un milliard d’enfants ne sont pas scolarisés. Nous faisons de notre mieux pour diffuser des trousses éducatives en ligne, à la radio et à la télévision, mais ce n’est pas la même chose que d’être à l’école.

Ainsi, même si mes collègues de l’UNICEF dans le monde entier poursuivent leur lutte contre la pandémie (et puisque nous fournissons près de la moitié des vaccins à l’échelle mondiale, nous aurons nécessairement un rôle à jouer une fois qu’un vaccin aura été mis au point), nous devons également nous efforcer d’atténuer tous les effets secondaires de cette pandémie. Je l’ai déjà dit à maintes reprises, mais je tenais à le redire aujourd’hui : c’est pour moi un grand honneur de travailler pour l’UNICEF et de faire partie d’une organisation qui s’efforce d’apporter des changements concrets dans la vie de chaque enfant.


Région géographique :