Il y a sept ans, une jeune mère prénommée Haïfa et 50 membres de sa famille élargie ont fui l’escalade de la violence d’Erbin pour se réfugier dans une ferme située dans les environs, espérant y être en sécurité.

« Je me souviens que je préparais du thé autour d’un feu aux côtés d’autres femmes, et que tout à coup j’ai réalisé que le bruit des bombardements se rapprochait, dit Haïfa. J’ai immédiatement réalisé qu’il fallait que je mette mon fils à l’abri à l’intérieur. Juste après, une bombe explosait à l’endroit même où il jouait quelques instants plus tôt. »

À ce moment-là, Haïfa était enceinte de six mois. De nombreux membres de sa famille ont été tués ce jour-là. Haïfa et son fils de trois ans, Anwar, ont été grièvement blessés. 

Tous deux ont été envoyés d’urgence à l’hôpital dans une ville voisine, Kafar Batna. Dans une des salles, les médecins tentaient de sauver Anwar. Son corps était recouvert d’éclats d’obus; il avait une fracture du bassin et l’aorte sectionnée. Dans une autre salle, une autre équipe de médecins préparait Haïfa pour une intervention chirurgicale. 

« Lorsque j’ai dit aux médecins que j’étais enceinte, ils ont supposé que le fœtus était mort à cause de tous les éclats qui avaient frappé mon abdomen, raconte Haïfa. Lorsque j’ai senti le bébé bouger, nous avons tous fondu en larmes. »

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[© UNICEF/Syria/2020/Belal]

Aujourd’hui âgée de 31 ans, Haïfa est de retour à Erbin et vit dans un abri d’une pièce situé sur le toit d’un immeuble, avec son mari et ses trois enfants : Anwar, 9 ans, Nada, 6 ans et Mohammad, 3 ans. 

Cette pièce qui leur sert de maison contient très peu de meubles, et des vieux tapis ne couvrent que la moitié du sol de ciment froid. Au centre, un petit poêle à bois peine à leur fournir assez de chaleur pendant les cruels mois d’hiver. Chaque jour, les enfants partent à la recherche de combustible – torchons ou morceaux de plastique – qui libèrera inévitablement des vapeurs toxiques en brûlant pour réchauffer la famille. 

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[ © UNICEF/Syria/2020/Belal]

Pendant plusieurs années après le bombardement, Haïfa et sa famille ont continué de vivre acculés dans la Ghouta orientale. « Je n’oublierai jamais les jours où mes enfants me réclamaient de la nourriture, et que je n’avais rien à leur donner », se souvient-elle. Parfois, elle faisait bouillir de l’herbe en guise de repas.

« Pendant des années, nous avons oublié ce qu’était le sentiment de satiété; nous n’avions que le strict minimum à manger pour survivre. »

Les enfants d’Haïfa ont payé un lourd tribut pour une guerre dont ils ne sont nullement responsables. Le manque de nutriments essentiels a freiné la croissance de Nada. Un obus est tombé sur le refuge familial lorsque Mohammad n’avait que six mois, causant des lésions cérébrales chez l’enfant ainsi qu’une paralysie partielle du côté gauche.

En dépit de toutes ses souffrances, Haïfa garde le sourire et continue de prendre soin de ses enfants, espérant qu’elle pourra les aider à avoir un avenir meilleur. « Chaque matin lorsque je me réveille, je suis reconnaissante d’avoir survécu à toutes les épreuves que j’ai traversées, affirme-t-elle. Je suis sûre que les choses vont s’arranger. »

L’hiver dernier, l’UNICEF a apporté son soutien à plus de 4 800 enfants en Syrie, notamment à ceux d’Haïfa, grâce à des dons en argent visant à aider les familles à fournir des vêtements chauds à leurs enfants, ainsi que d’autres produits de première nécessité. Aidez l’UNICEF à prendre soin des enfants vulnérables partout dans le monde. Nous avons besoin de votre aide de toute urgence.